Pourquoi ne pas rendre l’île Sainte-Hélène encore plus attrayante ?
L’île Sainte-Hélène, au sud-est de l’île de Montréal, fait partie de l’archipel d’Hochelaga. Lieu fortifié par les Britanniques au début des années 1820, elle est convertie en parc public en 1874. Dans La Patrie du 30 juillet 1904, Omer Chaput en fait une courte histoire. Pour lui, c’est le lieu de villégiature de la population montréalaise de condition modeste. Extraits.
Le 19 juillet 1873, une résolution fut adoptée par le Conseil de Ville de Montréal et transmise au Ministre de la Milice pour obtenir l’autorisation d’établir un parc dans l’île Sainte-Hélène.
Le 3 juin 1874, un ordre en conseil fut adopté par le ministère fédéral accordant l’autorisation demandée […].
Des travaux importants ont été faits sur le Parc de l’île Sainte-Hélène par la ville de Montréal pour le rendre attrayant et pour y attirer le public; 2 bains ont été construits, un public et l’autre contrôlé par un club de natation. Des amusements de toutes sortes ont été installés. Un restaurant splendide a été construit, où l’on vend au prix de la ville des rafraîchissements de toutes sortes. […]
L’île n’a pas subi de transformations depuis trente ans et il serait joli qu’elle soit encore pendant une trentaine d’années sans être autre chose qu’un coin de verdure et d’air frais, juste ce qu’il faut pour donner aux écoliers une idée de ce que devait être la grotte de Calypso, et aux travailleurs une place d’un accès facile pour aller, paisiblement, en famille, prendre le goûter sur l’herbe, sous le frais ombrage d’un érable touffu.
On dit, un peu trop à mon avis : Ah ! si les Américains possédaient ce beau coin de terre, d’eau et de verdure, ils ne tarderaient pas à en faire un Coney Island. L’île Sainte-Hélène, comme le parc Mont-Royal, est la villégiature du travailleur. Il faut que celui que sa fortune et ses obligations retiennent en ville tout l’été ait aussi sa villégiature.
S’il ne peut y passer des mois ou des semaines, il peut au moins, pendant un après-midi, respirer l’air pur à l’abri de la poussière et des bruits de la ville, loin des camelots et de tout ce qui leur ressemble.
La musique qu’on entend aux petits chevaux de bois est de trop; c’est un faux air de faire de village, trop semblable à une réminiscence des pianos éoliens des Italiens dans les rues de Montréal.
Sans convertir l’île en une immense foire dont les principales attractions sont l’homme fort et la femme grasse, il est possible de la rendre encore plus attrayante.
Les négociations actuellement en cours entre le conseil de ville de Montréal et le gouvernement fédéral pour obtenir aux citoyens la liberté de se promener dans toute l’île, de visiter ces fortifications si mystérieuses, sont suivies attentivement par toute la population ouvrière de la ville. Il est très probable que ces négociations aboutiront et qu’en 1905 toute l’île Sainte-Hélène sera ouverte au public.
Le photographe Conrad Poirier a pris la photographie ci-haut d’un pique-nique à l’île Saint-Hélène en 1937. On aperçoit au loin le pont Victoria. Ce document est déposé à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Fonds Conrad Poirier, Photographies, Cote : P48, S1, P1182.