Un manière d’autrefois de célébrer le mois de mai
Voilà l’image que privilégie pour ce faire l’hebdomadaire montréalais Le Monde illustré du 8 mai 1886. Il s’explique.
Mai a commencé sa chanson; dans les prés, dans les bois, partout la nature s’éveille et secoue son engourdissement. Désireux de donner une forme à cette expansion de la vie qui entraîne les gens et les choses, l’artiste a eu l’idée de la jeunesse gaie et heureuse.
Et c’est dans l’encadrement d’une fenêtre qui vient de s’ouvrir qu’il nous montre, écartant de la main la lourde draperie, l’adorable enfant en qui se résument toutes les grâces, toutes les fraîcheurs et aussi toutes les innocences de la beauté qui s’ignore.
«Printemps, jeunesse de l’année; jeunesse, printemps de la vie», a dit le poète; et voyez comme l’imagination de l’artiste a su traduire en un même modèle toutes les pensées qu’évoquent les mots de jeunesse et de printemps.
Chaste dans son déshabillé matinal, sérieuse sous le sourire qui entr’ouvre ses lèvres, la belle fille a déjà dans le regard ce charme qui ne se définit pas, cet on ne sait quoi de profond qui trouble et ravit; cet enfant qui se réveille et femme qui s’éveille, ajouterait le poète.