Appendicite, vous dites ?
En 1900, on cherche encore ce qui cause soudain l’inflammation de l’appendice, une douleur vive et persistante au bas de l’abdomen qui entraîne la mort à l’occasion. Dans Le Bulletin du 4 février 1906, voyez quelques-unes des interprétations qui ont cours.
Tout le monde s’imagine, et les médecins ont partout répandu cette opinion, que l’appendicite vient de la présence dans notre corps d’un élément étranger.
Ces éléments étrangers se réfugieraient, de préférence, dans l’appendice qui est, comme on le sait, une partie spéciale de notre intestin, d’où le nom d’appendicite donné à la maladie en question.
On a incriminé les parcelles d’émail qui peuvent se détacher d’ustensiles de cuisine émaillés; il faudrait donc supposer que ces parcelles d’émail aient un penchant, une préférence pour aller visiter l’appendice.
On a incriminé aussi les pépins de raisin, les noyaux de cerises, ou les petits os que nous pouvons avaler par mégarde; mais il faudrait prouver que les paysans, qui avalent sciemment des noyaux de cerises et des pépins de raisin, sont les victimes habituelles de l’appendicite.
Un médecin américain, le docteur Mitchell, de Chicago, a voulu en avoir le cœur net : il a fait l’autopsie de mille six cents personnes qui avaient succombé à l’appendicite. Il n’a trouvé que chez dix-huit de ses sujets des corps étrangers; c’était des grains de raisin, des grains de plomb, un petit clou, du plomb provenant d’une soudure, un morceau de coquille de noix, une arête de poisson, des fragments d’os, des petites pierres.
Or, chez ces dix-huit sujets, il n’y avait pas la moindre trace d’inflammation dans l’appendice. Que conclure de ces recherches ? C’est que les corps étrangers ne sont pas la cause véritable de l’appendicite. Il faut chercher ailleurs, mais on n’a pas encore trouvé.
L’illustration provient du site Passeport Santé.net.