Skip to content

Les ponts de glace sont-ils sécuritaires ?

peche aux petits poissons cabane

À la lecture du quotidien Le Canadien du 27 janvier 1885, il faut poser la question. Voici d’abord un premier incident.

On rapporte que, dimanche après-midi, un grand nombre de curieux s’étaient rendus sur la glace pour fouler avec contentement de leur pied le pont qui unit depuis quelques jours Lévis à Québec. Mais ce plaisir ne devait pas être sans mélange et à la témérité devait bientôt succéder la peur, et qui plus est, une fuite précipitée.

En effet, selon l’usage antique et traditionnel, l’homme à la roue de fortune s’était rendu sur le spot avec ces dieux lares et invitait les promeneurs à leur offrir de l’encens, c’est-à-dire à tourner la roue.

Mais bientôt le nombre des spectateurs devint si considérable que la glace fléchissant sous le poids fit entendre un terrible craquement. Effrayé de ce signe avant-coureur d’une catastrophe imminente, tout le monde se dispersa. On dit même que l’homme à la roue dut décamper; la cabane qu’il avait dressée était encore là ce matin, impassible, portant avec fierté, comme enseigne, un castor de la plus belle eau.

On rapporte qu’il s’est débité là, dimanche l’après-midi, assez de whisky pour faire flotter la cabane, ce qui ne doit jamais se faire, comme chacun le sait.

Il faut que la police pousse de temps en temps une pointe vers la fameuse cabane, ou s’il faut y mettre un cordon de préservance ou encore que l’on débarrasse le fleuve de cette obstruction, qui pourrait être la cause de chutes graves et de désordres lamentables.

La police en est avertie; qu’elle mette ses tenailles aux bras de ces perturbateurs de l’ordre public et empêche la vente illicite des liqueurs enivrantes à la cabane des Castors.

* * *

Et ce second incident.

Le pont de glace est assez bien pris, mais il y a encore des endroits dangereux et la prudence commande le plus grand soin possible à ceux qui doivent y passer.

Hier matin, vers 7.30 heures, un homme de Québec a failli se noyer pendant sa traversée à Lévis, en tombant dans une petite mare que la légère couche de neige qui est tombée dimanche cachait à ses yeux. Sans M. Chs. Després, canotier de la malle qui traversait en même temps et à quelque distance, le pauvre malheureux aurait été emporté par le courant et se serait infailliblement noyé.

Quand M. Després est arrivé sur le lieu de la scène, l’infortuné dont nous n’avons pu nous procurer le nom, se débattait avec désespoir pour se cramponner à la glace qui se brisait de plus en plus; il était alors enfoncé jusqu’au cou et ses bras semblaient fléchir.

M. Després le saisit avec courage, le mena sur la glace solide et vint reconduire à la ville cet homme qu’il venait de sauver de la mort.

 

L’illustration ci-haut n’est pas, bien sûr, la cabane des Castors de cet homme à la roue de fortune. Le journal Canadian Illustrated News (Montréal) qui la publie le 10 avril 1880 écrit que c’est ainsi qu’on procède pour sortir une cabane à pêche d’un pont de glace lorsque la pêche au petit poisson des chenaux est terminée.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS