«Curieux phénomène lumineux»
Dans la soirée du premier de l’An 1884, un incendie à Québec, écrit le journal La Minerve du 3 janvier 1884, rase «plusieurs maisons en bois du village de Stadacona». Cet endroit se trouve en face de la pointe aux Lièvres et fait partie aujourd’hui du quartier Limoilou. Or, pendant le feu, se produit un phénomène étrange que note un observateur se donnant simplement les initiales de C. L. dans Le Canadien du 8 janvier 1884.
Lors de l’incendie qui a eu lieu au village Stadacona, le jour de l’an au soir, on a pu remarquer une splendide colonne lumineuse s’élevant à une grande hauteur, droit au-dessus du foyer de l’incendie.
Ce très intéressant phénomène nous faisait pour ainsi dire toucher du doigt l’explication d’un fait analogue qui se produit quelquefois quand le soleil et la lune sont presque à l’horizon. On les voit alors surmontés, eux aussi, d’une longue bande lumineuse.
Le soir de l’incendie, il tombait une neige épaisse, poussée par une bonne brise de l’est. Chacun des petits glaçons, en passant au-dessus des flammes, jouait le rôle d’un petit miroir et nous renvoyait la lumière du foyer. De sorte que l’ensemble prenait la forme d’une longue colonne lumineuse.
De là, il suit que, comme pour l’arc-en-ciel, chaque observateur admirait une colonne brillante qu’il était seul à voir, son voisin en regardant une autre complètement distincte.
Au lever et au coucher de la lune ou du soleil, quelquefois même dans la journée, les phénomènes semblables qui apparaissent au-dessus de ces astres sont dus à des causes absolument semblables. Il en est encore de même des traînées que l’on voit en été, entre les masses de nuages et qu’on appelle pieds-de-vent ou tirants.
Toutefois, dans ce dernier cas, la réflexion irrégulière de la lumière joue le principal rôle, tandis qu’à l’incendie de Stadacona, c’était la réflexion irrégulière de la lumière sur les facettes cristallines qui nous gratifiait de ce remarquable météore.
À propos des pieds-de-vent, bien qu’ils paraissent converger vers le point de l’horizon où se trouve le soleil, tout le monde sait qu’ils sont cependant rigoureusement parallèles.
C. L.
Je me demande si ce «C. L.» n’est pas Joseph-Clovis-Kemner Laflamme, enseignant au séminaire de Québec et à l’université Laval, en avance pour son temps, ayant des intérêts pour les sciences. Qui sait, peut-être cache-t-il son identité sous ces deux lettres ?