Vivre sous la fumée et les odeurs des manufactures
Parce que les vents dominants sur la terre soufflent de l’ouest vers l’est, les populations de condition modeste habitant fréquemment dans l’est des villes doivent supporter les rejets de toutes sortes. Les exemples de situation semblable fourmillent, au Québec comme ailleurs.
Dans Le Courrier du 10 septembre 1899, un journal montréalais du dimanche à la vie bien éphémère, les habitants de l’Est de Montréal se plaignent de vivre sous la fumée et les mauvaises odeurs venues des manufactures.
L’un des citoyens les plus éminents du quartier Est a demandé, hier soir, au reporter du «Courrier» de vouloir bien dire quelque chose au sujet de l’absence de fumivores, dans les grandes manufactures.
«Assurément, a-t-il dit, personne ne se plaindra de l’existence des manufactures et d’usines qui donnent de l’emploi à des milliers d’ouvriers; mais pourquoi le conseil de ville ne met-il pas en vigueur le règlement qui oblige les manufacturiers à placer des fumivores aux cheminées de leurs établissements ?
«Dans certaines parties de la paroisse St-Vincent de Paul, surtout, les habitants sont littéralement saturés de fumée et de suie; l’atmosphère est remplie de miasmes délétères qui se répandent comme une marée dans tout l’Est de la ville.
«Voyons un peu : nous avons les fourneaux de la grande salaison de Laing, une fabrique de linoléums et de prélats, les usines du C. P. R. [la compagnie de chemin de fer Canadian Pacific Railways], de la compagnie du gaz, de la compagnie des tramways; une verrerie, une manufacture de claques, de tabac, des filatures de coton, etc.
«De chacun de ces grands établissements s’échappent d’un bout de l’année à l’autre des odeurs nauséabondes, différentes les unes des autres, mais toutes insupportables.
«Oh ! si un tel état de choses se produisait dans l’Ouest, les protestations ne tarderaient pas à s’élever nombreuses et énergiques.»
À l’été 2012, la ville de Québec a vécu une grave épisode de légionellose.