Le bonheur de glisser dans les rues en pente de Québec
On sait que Québec, perchée sur le cap aux Diamants, est une ville qui propose de nombreuses pentes. Aussi, dès les premières neiges, les enfants ne peuvent se retenir de goûter au bonheur de glisser. Or, invariablement, à chaque hiver, les journaux réclament que la police s’en mêle.
Mais dès qu’un gendarme se présente, les marmots déguerpissent pour gagner une autre côte. À l’occasion, on met la main au collet de l’un d’entre eux qui doit payer le prix et comparaître devant le juge de la cour Municipale.
Voici un exemple, celui-ci dans Le Canadien du 19 décembre 1885, du propos tenu dans les journaux au sujet de ces glisseurs.
Un gamin arrêté au moment où il prenait des glissades en traîneau, rue de la Couronne, a été condamné à $10 d’amende et aux frais ou à un mois de prison.
Si jamais sentence est arrivée à propos, c’est bien celle-là, et il serait à souhaiter que d’autres glisseurs encore subissent le même sort, car il y a certaines rues qu’ils ont accaparées au point d’en rendre l’accès fort dangereux.
La belle image provient du livre de l’architecte Raymond Martineau publié en 2004 aux Éditions MultiMondes et à la Société historique du Cap-Rouge, intitulé Mémoires d’enfance. Une merveille de livre, à la fois écrit et dessiné. Il faut l’avoir en main pour comprendre. Né à Québec en 1912, Monsieur Martineau nous décrit et dessine sa vie d’enfant à Cap-Rouge et dans le faubourg Saint-Jean à Québec.
Nous avions évoqué cet ouvrage pour la crèche de Noël du faubourg Saint-Sauveur, la plus belle de Québec selon Monsieur Martineau.
Quel bonheur la glissade en hiver ! Je me souviens du grand plaisir que nous éprouvions, les enfants de la rue, à se rejoindre dans le coteau entre la maison des Bussières et celle des Fortier le long de la rivière Etchemin à St-Henri-de-Lévis. Je me souviens des rires, des cris et des bousculades assis dans nos traînes sauvages à faire des concours, celui ou celle qui se rendra le plus loin. Qui, dans son élan, pourra atteindre l’autre côté de la rivière ? À plusieurs, dans la plus grande traîne, on y arrivait. Des vacances de Noël dans la joie et l’innocence !!! Surtout pas de gendarmes pour mettre fin à notre allégresse !
Chanceuse étiez-vous, fille de la campagne ! Comme chez-nous d’ailleurs, habitant en ville, mais en bordure du bois. Un morceau de prélart, un bout de carton nous suffisait. Je n’ai pas le souvenir que nous ayons eu les moyens d’une traîne sauvage.