Le chien et la pipe
Le propos, paru dans La Patrie du 6 novembre 1886, est du poète et écrivain Louis Fréchette.
Deux Canadiens sont en train de se conter des histoires.
Figurez-vous, mon cher, que je me trouvais l’autre jour dans un char sur le chemin de fer de Québec.
Un voyageur fumait la pipe. L’odeur du tabac incommodait une dame qui portait un petit chien sur ses genoux.
Une discussion ne tarda pas à se produire. La voyageuse se plaignit de la pipe et le fumeur du chien. Bref, on en vint presque à se prendre aux cheveux.
Tout à coup, la dame, exaspérée, arrache la pipe de la bouche de son voisin et la lance par la porte sur la voie. Le fumeur ne fait ni une ni deux, il s’empare du chien et l’envoie rejoindre la pipe par le même chemin.
Cris de colère, trépignements. Bref, la colère s’envenime, lorsque le train entra au dépôt de Québec, qui d’ailleurs n’était pas très éloigné.
Là, quelle n’était pas la surprise des voyageurs; le chien arrivait au même instant, trottant à perdre haleine et rapportant la pipe entre les dents.
Ce dénouement imprévu rétablit la paix.
Le voyageur invita la dame à dîner, et me pria de bien vouloir être témoin de la réconciliation qui s’est faite devant une excellente soupe au pois.
Le chien fut de la fête, et au dessert la pipe fut tolérée.
Si tous les conflits trouvaient solution aussi facilement…
un vieux conte
Il ne serait donc pas de Fréchette alors.