Upton, en Montérégie, brûle
Le désastreux incendie qui vient de jeter la désolation en cette localité a étendu ses ravages sur les routes Ste-Charlotte, Ste-Hélène et St-Germain.
Au-delà de 125 familles se trouvent jetées sur le pavé par cette terrible conflagration qui a emporté tout sur son passage, maisons, granges, bâtiments de toute sorte, chevaux, vaches, etc., etc.
Le parcours du feu est quelque chose d’énorme. Toute la petite forêt qui s’étend de St-Dominique à Drummondville sur une longueur de 30 milles [66 kilomètres] et une profondeur de 15 milles a été réduite en cendres.
Plusieurs personnes ont été blessées, notamment M. Flavien Major, mortellement, croit-on. MM. Roy et Robinette, montés sur des voitures avec leurs familles, essayaient de s’enfuir devant l’ouragan de feu qui se déchaînait le long de la route de Charlotte, lorsqu’ils furent renversés par la force du vent. Voyant l’imminence du danger, ils se blottirent tous sous un petit pont jeté sur un cours d’eau et y passèrent la nuit. C’est là qu’on les a trouvés sains et saufs.
On a constaté qu’en certains endroits le sol s’est embrasé jusqu’à 6 et 7 pouces de profondeur [15 à 18 centimètres]. Les dommages sont diversement évalués. Ils ne pourraient pas être moindres que $200,000.
Le spectacle qu’offre aujourd’hui cette partie du pays est quelque chose de navrant. Partout la ruine et la désolation; les chemins et les fossés sont remplis de cendres. Sur les grandes routes, on rencontre des familles entières, exténuées par la fatigue et n’ayant pas même un morceau de pain à manger.
On compte sur la charité publique pour venir en aide aux incendiés dont le nombre est d’au moins 1,500 et dont la plupart ont été jetés sur le pavé sans la moindre ressource.
Référence : Le Canadien (Québec), 10 septembre 1880.
La photographie de maisons d‘Upton en bordure de la rivière Noire fut prise en 1937. Elle apparaît sur la page Wikipédia consacrée à la municipalité.
