Un cadeau de la France aux États-Unis
En juin 1885, la Statue de la Liberté, don des Français aux Américains, arrive à New York. Dans Le Monde illustré du 27 juin 1885, Léon Ledieu célèbre l’événement.
L’œuvre de Bartholdi, la Statue de la Liberté éclairant le Monde, le colosse de bronze offert par la République Française à la République des États-Unis, vient d’arriver à New-York.
C’est un grand événement à plus d’un titre.
Jamais nation n’a fait pareil présent à une autre nation, mais c’est notre mère-patrie qui donne, et la France fait bien les choses.
Dans l’acte de transfert de la statue, les membres du comité français disent en terminant :
Notre œuvre a été le produit de l’enthousiasme, du dévouement, de l’intelligence et des sentiments les plus nobles qui peuvent animer l’homme. Dieu veuille qu’elle consacre à tout jamais le règne de ces sentiments et les liens qui devront unir la France à la nation américaine. […]
Certains écrivains, qui en sont venus, à force de haine de tout ce qui est moderne, à détester jusqu’au mot liberté, n’ont pas craint d’insulter à l’idée de ce don sans précédent, à cause du symbole qu’il représente. Ils ont mal agi.
Liberté est un mot divin, un mot sacré, qui doit toujours accompagner le mot Patrie, et les deux idées qu’ils représentent nous viennent de Dieu même.
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Cette statue énorme, prodigieuse, auprès de laquelle le colosse de Rhodes, cette merveille des anciens, ne serait qu’un enfant, sera placée à l’entrée de la rade de New-York, et le flambeau qu’elle élèvera à plusieurs centaines de pieds, au-dessus des flots, guidera les navires venant de toutes les parties du monde, comme la liberté elle-même conduit les peuples au progrès.
Ce monument restera sur la rive américaine comme le gage de l’amitié jurée entre l’ancien et le nouveau monde.
Ce n’est pas une idole, c’est une protestation contre le despotisme et la tyrannie.
On salue la statue d’un homme qui a rendu des services à son pays, pourquoi ne respecterait-on pas l’allégorie qui représente une idée chère aux citoyens de toutes les nations.
On a commis bien des crimes au nom de la liberté, je le sais, mais c’est en son nom aussi qu’on a accompli de grandes choses et que de grands hommes et de grands peuples se sont taillés une place dans l’histoire.
C’est en se ralliant au cri de liberté que nos pères ont, il y a cinquante ans, conquis les droits de l’indépendance dont nous jouissons. Il est bon de s’en souvenir.
L’auteur de ce texte, Léon Ledieu [1845-1907], né à Arras le 29 mars 1845, dans la région Nord-Pas-de-Calais, arrive au Québec le 12 août 1872 et gagne Montréal où il exercera le métier de journaliste, et même de directeur de l’hebdomadaire Le Monde illustré pendant au moins quinze ans. Par la suite, il travaillera comme traducteur à l’Assemblée législative québécoise. À Québec, il habitera le 57, rue d’Artigny, à l’arrière du Parlement.
La photographie, prise en octobre 2013, est de mon fils, Sébastien Provencher.
Ah oui, c’est un grand monument et dans ma famille dont certains membres résident à Colmar (Alsace), la ville du sculpteur, on est très fan de Bartholdi.
Je ne savais pas que ce cher Bartholdi était Alsacien.