Un tout nouvel oiseau !
Après 38 ans, un nouvel oiseau s’ajoute chez moi à la longue liste : le Tyran huppé (Myiarchus crinitus, Great Crested Flycatcher). Jamais je ne l’avais aperçu. «Aile et queue cannelle, poitrine grise et ventre jaune» dit Roger Tory Peterson (Les Oiseaux de l’est de l’Amérique du Nord, Broquet, 1989). «Dresse souvent une huppe hirsute.»
Cet oiseau ne semble guère connu de nos anciens ornithologues. James LeMoine (Ornithologie du Canada, 1861), lui donne le nom de Moucherolle à huppe et ne l’a probablement jamais aperçu; il s’en remet à un ornithologue du Haut-Canada, un certain McElraith, pour en parler. LeMoine cite aussi un texte de Wilson [sans doute Alexander Wilson]. «Le nid que j’ai maintenant par devers moi, dit Wilson, est assez singulièrement bâti. Il se compose de foin, de plumes de pintade, de soies de porc, de morceaux de peau de couleuvre et de poil de chien. La peau de couleuvre peut être un des matériaux les moins indispensables, car cela formait partie intégrante de tous les nids que j’ai découverts jusqu’à présent; soit qu’elle [cette espèce d’oiseau] emploie cette dépouille pour inspirer l’effroi aux autres oiseaux, soit qu’elle considère la flexibilité et la mollesse de cette peau comme propice à ses jeunes ! »
Charles-Eusèbe Dionne (Les Oiseaux de la province de Québec, 1906) n’est guère plus bavard que LeMoine. Lui aussi l’appelle Moucherolle à huppe et ne semble pas l’avoir vu dans la région de Québec. Il écrit : «M. Wintle le mentionne comme commun en été dans le district de Montréal. Il niche dans un tronc d’arbre; le nid est composé de petites branches, de petites racines et d’herbes de toutes sortes qu’il y accumule; on dit que des morceaux de peau de serpents sont invariablement trouvés dans le nid. […] Cet oiseau se tient dans les forêts. Il est d’un naturel querelleur et son cri est aigre.»
P. A. Taverner (Les oiseaux de l’Est du Canada, 1920) semble davantage en terrain connu. «Parties supérieures d’un brun olivâtre tournant au roux sur les barbes internes de la queue. Gorge et haut de la poitrine d’un gris cendré. Parties inférieures d’un jaune souffre. Aucun autre moucherolle dans l’est du Canada n’est ainsi coloré. Indications sur le terrain. La couleur jaune vif des parties inférieures et la longue queue rousses sont les marques les plus frappantes.»
«Nid. Dans des trous abandonnés par des pics. Cet oiseau fait voir une prédilection pour les vieilles peaux de serpents dans la confection de son nid. C’est à peine si l’on trouve un nid appartenant à cette espèce qui n’en contienne une ou plusieurs. Habitat. L’est de l’Amérique du Nord au Canada, tout le long de la frontière méridionale. C’est un moucherolle du sommet des arbres dans les bois touffus. On entend son cri constamment pendant l’été, mais rarement à une distance quelconque d’une épaisse forêt.»
Claude Mélançon (Charmants voisins, 1940) n’en dit mot.
Dans Les oiseaux nicheurs du Québec, Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional (1994), le texte sur le Tyran huppé est de Jean-François Rail. On apprend que l’oiseau niche surtout dans les forêts parvenues à maturité, décidues ou mixtes, du sud du Québec, où il est «largement réparti et commun sans toutefois être abondant». Il est surtout associé aux forêts à maturité dominées par de grands feuillus. Il hiverne depuis le sud du Texas jusqu’au nord du Venezuela. «Afin d’assurer la nidification de l’espèce, écrit Rail, il serait bon d’installer des nichoirs artificiels et de maintenir des chicots (arbres morts debout) dans ses habitats, même lorsque ceux-ci ne semblent pas optimaux.»
Les années passent et passent, c’est certain. La faune et la flore se modifient bien sûr. Je suis heureux de l’arrivée de ce tout nouvel oiseau venu du fait que mon terrain est devenu ce qu’il est après 38 ans, une grande mini-forêt de feuillus, l’endroit qui lui plaît pour vivre.
Sur cette carte-ci, à jour en 2014, on arrivera à «lire» la présence du Tyran huppé au Québec.
Ah… Quel bel oiseau…!!! Difficile à photographier car discret à ses heures…
Que je suis content que tu aies eu la veine d’observer et photographier ce coquin, car ç’en est tout un ..! ;-)
Compagnon fréquent quand j’habitais l’Outaouais (du 13 mai au 09 septembre), je constate qu’il se fait plus rare à la fois dans ton coin qu’au Témiscamingue… Mais bon… patience et longueur de temps…. comme disait mon grand-père… valent mieux que force et rage…! hé! hé! hé!
N’empêche…. Chanceux va..!!! Bien qu’ils soient tous beaux, c’est l’un des plus beau… Et quelle intelligence… :-)
Mario
Je connais bien le Tyran tritri, cher Mario, mais je ne savais même pas que cet oiseau existait. Imagine donc ma surprise quand je l’ai aperçu.