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Les belles Javanaises

 

Bien oui, en 1889, a lieu à Paris une exposition universelle «étonnante». Tout un mobilier passait à l’histoire. La Tour Eiffel, en particulier. On y «chantait» les grands progrès techniques.

Un Québécois de passage, G. E. Langlois, fut plutôt absolument séduit par les belles Javanaises. Tiens, tiens. Il en a des réminiscences, titre-t-il dans Le Clairon du 7 décembre 1889. Je me tais.

 

En apprenant, il y a quelque temps, le départ des mignonnes Javanaises qui peuplaient le Kampong du Champ de Mars à Paris, je suis retourné malgré moi, en pensée, à ce cher pays de France, revoir sur le terrain de l’exposition ce petit village de Java où j’ai flâné tout un bel après-midi, il n’y a pas encore trois mois.

Le Kampong ! qui ne l’a pas vu s’il a parcouru l’Esplanade des Invalides ou seulement s’il a pu franchir le pont d’Iéna ? Moi j’y ai passé plusieurs heures à écouter la musique monotone et profondément mélancolique de son orchestre; j’y ai contemplé longtemps ses bayadères de quinze printemps qui ont abandonné les voluptés et les caresses du harem de Pranger, pour venir rêver un moment sur les rives de la Seine.

J’y ai vu ses artistes qui barbouillent des hiéroglyphes quelconques sur nos mouchoirs, moyennant cinquante centimes, ses chapeliers qui vous bâtissent des couvre-chefs aux proportions d’en-cas et ses malaises fardés qui étalent leurs charmes incertains dans les cabanes rustiques; enfin assis sous les ombres bienfaisantes de ses platanes verdoyants, j’ai songé délicieusement et à plein cœur de mon pays et de mes amours, moi qui en étais éloigné de 3000 milles et que l’illusion d’un séjour prolongé dans cette bourgade indienne avait transporté dans les lointaines environs de Batavia.

Aujourd’hui que l’exposition est close, on y va encore à l’Esplanade pour voir et revoir les fillettes de Java. Elles sont parties comme nous sommes partis nous-mêmes. […] Elles pleuraient en disant adieu è la gaieté parisienne, à l’hospitalité de toute la population et à cette féérique cité où elles ont vu de merveilleuses choses. […]

Nous qui avons traversé les mers, nous avons éprouvé ces mêmes émotions, ces mêmes bouleversements intimes, lorsqu’à notre retour, après avoir été balloté six jours durant entre le ciel immense et l’eau en courroux, nous apercevions les côtes du Labrador et de Terreneuve, puis les collines gaspésiennes et les aspects pittoresque de La Malbaie et du Cap Diamant, et alors nous sentions encore assez d’enthousiasme nationale pour dire cet adage patriotique :

O ! Canada, mon pays, mes amours !

Javanaises et Canadiens, quand retournerez-vous à Paris ?

G. E. Langlois.

 

L’image de cette danseuse javanaise traditionnelle provient du site suivant.

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