Qui donc se souvient de la Fête-Dieu ?
Restent-ils de vieux vivants ayant le souvenir de la Fête-Dieu, ce moment, généralement au début de juin, où on promenait le Saint-Sacrement au cœur d’une communauté ?
Voilà alors une journée bien aimée au Québec. Sans blague. D’abord, la coutume voulait que l’été commence à la Fête-Dieu. Admettons que ce n’est pas triste. Et puis la procession, la marche, les drapeaux, les décorations, les chants, l’excitation du monde habillé chic, l’ambiance quoi, et tout le reste. «Nous voulons Dieu, c’est notre Père, Nous voulons Dieu, c’est notre roi.» Ce n’est pas rien. Il y a des régimes athées qui utilisaient et recourent toujours encore à cette même façon de faire tant ce fut une trouvaille pour la bête humaine.
En voici une belle. À Québec. Le dimanche 8 juin 1890. Le quotidien Le Canadien la raconte le lendemain. Je vous y amène. Allez, faites l’effort, retrouvons-nous plus de 120 ans en arrière.
La procession du Saint-Sacrement est l’une des démonstrations extérieures les plus touchantes et les plus solennelles du culte catholique.
Que ce soit par les rues richement ornées des villes ou les modestes routes des campagnes qu’on le promène en triomphe, le Dieu des grands et des petits trouve toujours, parmi la foule nombreuse et recueillie qui se porte sur son passage, des fronts respectueusement inclinés, une foi vive, des cœurs bien disposés.
Comme à son entrée triomphale à Jérusalem, Jésus Christ reçoit de ses enfants qui l’acclament le sincère hommage de leur amour, l’assurance de leur fidélité à observer son auguste loi.
Ce jour-là, on revêt ses plus beaux habits, on pavoise les rues, on élève des arches, les cloches sonnent à toute volée, les drapeaux et les tentures de toute sorte flottent au vent, la gaieté est sur toutes les figures.
Rarement la procession n’a eu lieu par une température aussi charmante qu’hier. Soleil radieux, brise fraîche et douce, pas de poussière dans les rues, tout contribuait à donner de l’éclat à la cérémonie, à la rendre grandiose. […]
C’est l’une des processions les plus imposantes et les plus nombreuses [sic] qui aient été faites à la Haute-Ville. Sur tout le parcours de la procession, les rues, les fenêtres, l’emplacement du vieux parlement, la Terrasse, l’escalier près du bureau de poste, regorgeaient de spectateurs, parmi lesquels nos frères séparés étaient en nombre. […]
Les orphelins et les orphelines des sœurs de la Charité portaient tous de petits pavillons qui faisaient un magnifique effet. Les diverses sociétés qui faisaient partie du cortège portaient toutes leurs riches bannières.
La fanfare du Séminaire a joué plusieurs morceaux avec beaucoup d’entrain et de brio.
Le dais était porté cette année par les marguilliers eux-mêmes, aidés de citoyens marquants.
La grand’messe a été chantée par M. l’abbé Roy, du Séminaire, ordonné prêtre ces jours derniers, avec diacre et sous-diacre, et c’est Mgr Marois qui a porté l’ostensoir durant la procession.
Favorisée par une température magnifique, la fête d’hier à la Basilique a été splendide et laissera une impression profonde dans le cœur des milliers d’enfants qui en ont été témoins, comme dans le cœur des hommes d’âge mûr qu’une foi vivace anime et soutient.
Nous avons tant aimé la Fête-Dieu.
La photographie de ce que fut, vue de loin, la procession de la Fête-Dieu à Saint-Roch-des-Aulnaies en 1948, est de J. W. Michaud. Elle est déposée à Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds ministère de la Culture et des Communications, Office du film du Québec, Documents iconographiques, cote : E6, S7, SS1, P622885. Contribution à la grande histoire du photographe qui est arrivé en retard.
Que de souvenirs ! La maison décorée de drapeaux, le terrain impeccable, celui des voisins aussi ! Parce qu’une année la procession a eu lieu sur notre rue ! La finale chez le deuxième voisin. Je me rappelle de ma petite robe jaune inondée d’étoiles, la photo de famille devant la maison. J’ai douze ans !
Wow ! Merci beaucoup, chère Ode ! Et c’était dans quelle paroisse ?
Sur le Chemin des Îles à St-Henri sur la Rive-sud de Québec !
Un bien beau pays.
Je me souviens très bien de la Fête Dieu. J’habitais Montréal, l’enseignement de mon école était donné par les Sœurs Sainte-Croix. C’est d’ailleurs une de ces religieuses, Sœurs Marie Berthe du Rédempteur qui m’a fait découvrir la nature, elle était animatrice d’un Cercle de Jeunes Naturalistes.
Mon souvenir se passe en 1958, des mois d’avance, on nous préparait pour la grande fête. Drapeaux, fanions, chariots, photo du Christ dans un grand cadre doré, fanfares, ect. Nous chantions tout le long du trajet bordé de gens, c’était la grande fête dans la paroisse. Le trajet était long et parfois pénible car on devait monter la rue Côte-des-neiges pour rejoindre la paroisse voisine. Nous faisions partie des Croisés, avec notre foulard bleu et jaune et l’épinglette en forme de croix.
Beau souvenir ! Merci !
Hé, merci beaucoup, chère Nicole ! Saint-Henri de Lévis et Montréal, je vois que Vous et Ode êtes porteuses de souvenirs au sujet de cette fête !
Moi aussi ,je me souviens . Dans ma paroisse, la procession de la Fête-Dieu se rendait sur le site d’ un reposoir édifié pour l’occasion devant la demeure d’un notable de la paroisse pour une célébration eucharistique.
Je ne sais s’il en était ainsi partout, mais dans le quartier Montcalm à Québec ,ça se passait de cette façon.
Ah les reposoirs ! Dans certaines paroisses québécoises, on s’est battu pour avoir le reposoir chez soi et il fallait l’arbitrage du curé pour calmer les battants.
Merci beaucoup, Monsieur Desmeules.