Petit traité pour bien prendre soin de… votre montre !
Détenir une montre, c’est un véritable engagement. Voyez ce qui vous attend.
Lorsque vous êtes en possession d’une bonne montre, vous devez, pour en obtenir des bons résultats, vous conformer aux préceptes suivants :
Remonter votre montre tous les jours à la même heure, Cette opération se fait généralement à l’instant où l’on se couche. En prenant sa montre pour s’en débarrasser, il doit plus facilement venir à la pensée de la remonter.
On doit éviter de déposer une montre sur un marbre ou autre corps froid. La brusque transition de température, en contractant les métaux, peut souvent, faire casser un ressort. Ensuite le froid coagule les huiles et les rouages, devenus moins libres, ne conservent plus à la montre sa même régularité.
Lorsque l’on quitte sa montre, on doit avoir soin de la suspendre de manière à ce qu’elle conserve la position verticale qu’elle avait dans la poche. La différence entre ce que les horlogers appellent le plat et le pendu peut, en une nuit, causer à certaines montres une grande variation.
En suspendant votre montre assurez-vous qu’elle ne peut vaciller, car, dans certains cas, le mouvement du balancier peut imprimer à la montre des oscillations qui troublent considérablement sa marche.
Si l’on veut conserver longtemps la propreté de sa montre, il faut s’assurer d’abord que la boîte ferme hermétiquement, puis ne la mettre que dans une poche en peau. Les poches de toile et celles de coton, surtout, dégagent par le frottement un duvet qui entre dans les montres même les mieux fermées.
Ne remontez jamais votre montre en plein air. La poussière, soulevée par le vent, peut entrer dans les trous des remontoirs et causer promptement des avaries.
La clé d’une montre doit être petite, afin de pouvoir sentir facilement la résistance de l’arrêtage; on peut alors s’arrêter à temps pour ne rien forcer. Il faut aussi que le carré soit très bien ajusté sur celui de la montre; s’il est trop grand, il peut en même temps causer au carré du remontoir un dégât dont la réparation est très coûteuse.
Une montre ne peut aller indéfiniment sans être réparée. Au bout d’un certain temps, les huiles se sont séchées et le corps solide qui en résulte, ainsi que la poussière et l’usure, viennent apporter un trouble dans les parties mobiles de la montre. Les fonctions, devenues irrégulières, finissent souvent par cesser complètement leur service.
Une personne qui, possédant une bonne montre, désire la conserver telle doit la faire nettoyer tous les deux ou trois ans au plus tard. Mais il faut avoir soin de ne confier cette réparation qu’à des mains sûres; un ouvrier inhabile peut, par un coup de maladresse, causer un grand préjudice à la montre, même la mieux construite.
Source : La Tribune, 29 janvier 1892.