Les voilà épinglés

À Montréal, ça fête joyeusement, rue Sanguinet. Des voisins se plaignent, la police s’amène. À la une, le quotidien de Québec Le Canadien, du 5 octobre 1888, raconte l’histoire sous le titre «Les dessous de Montréal. Douze personnes trouvées dans une maison de désordre».

Depuis un mois et demi, on se plaignait des habitants d’une certaine maison de la rue Sanguinet, près de la rue Drolet, où des scènes de désordres se produisaient tous les jours.

À la brunante, on commençait à voir défiler l’horrible cortège. Pareils aux spectres nocturnes, passaient devant les yeux des voisins étonnés des hommes dépenaillés et suintant le vice, d’effrayantes mégères avinées. Puis, après que tous étaient au poste, on entendait les verres s’entrechoquer, les voix éraillées faisaient entendre ensuite des refrains de chansons obscènes et une danse endiablée couronnait ces saturnales.

Anglais, Français, Irlandais, toutes les nationalités se coudoyaient et faisaient entendre leur langage respectif dans cette arche de Noé. Il y a quelque temps un homme ivre fut trouvé, baignant dans son sang, au pied de l’escalier de ce boucan. Le propriétaire de la maison a décidé de mettre un terme à ces scènes dégoûtantes et est venu loger une plainte contre cet établissement cosmopolite.

Le sergent Gauthier, accompagné de trois hommes de police, a fait une descente et a amené au poste une pleine maisonnée. Ils étaient au nombre de douze. Voici leurs noms : Andrew Ramsay père et fils et son épouse Margaret Walsh, William Fogarty et son épouse Jane Ramsay, Charles Lauzon et sa moitié Clava Laurib et leur enfant Florida Lauzon, une jeune fille de 14 ½ ans, Jos. Fogarty, Mary Ann David, J. Barry et Edmond Goyen.

Ils ont comparu hier matin en cour du Recorder et leur procès a été remis à lundi prochain.

À Montréal, on aimait ces «bals chez Boulé». Nous en avons évoqué un autre à la fin de l’été 1900.