Vivre à Montréal au mois d’août
À lire Léon Ledieu dans Le Monde illustré du 6 août 1887, il n’y a vraiment rien de réjouissant à vivre à Montréal au mois d’août.
Les commerçants se plaignent du peu de monde qui reste à Montréal. Je ne les comprends pas; je plains au contraire ceux qui, par leurs occupations, sont forcés d’y rester.
Louis Veillot a écrit un livre célèbre, Les Odeurs de Paris, mais ce titre était pris au figuré; il y aurait quelque chose à faire sous la rubrique : Les Odeurs de Montréal, en propre, cette fois, ou plutôt en malpropre.
Si vous tenez à votre vie, ne venez pas chez nous; on y respire toutes sortes de gaz, sauf de l’oxigène.
Dire que cela sent mauvais ne serait pas dire toute la vérité, car il n’y a pas d’expression pour définir les odeurs qui nous prennent au nez, à la gorge, dans les rues de la métropole du Canada.
Chaque regard d’égoût est un soupirail de la mort.
Le chiffre des décès est énorme, il dépasse ceux de toutes les grandes villes dans des proportions inquiétantes, on crie, on se lamente, on demande de l’air respirable et de l’eau potable, mais les échevins sont en vacances !