Le Moucherolle à ventre jaune
Ô bonheur, voilà une nouvelle espèce chez moi. Il me faudrait faire le décompte, mais elles doivent bien être 150 aperçues soudain depuis 1976. Depuis jeudi dernier, une poignée de petits Moucherolles à ventre jaune (Empidonax flaviventris, Yellow-bellied Flycatcher) sont ici, trois ou quatre, des petits de la saison, au vêtement encore mal défini.
Étonnamment, ils chassent exactement aux mêmes endroits que mes moucherolles de juin, leurs cousins, se tenant dans le lilas et au coin de la grange, mais sur les branches basses. Ils observent et, dès qu’ils repèrent une proie, une mouche, une guêpe, une abeille, une sauterelle, oups, voilà l’insecte disparu à jamais. J’ai même vu une piéride butinant calmement une épervière jaune être frappée comme par un éclair, rapportée sur une branche et avalée rapidement.
Dans Les oiseaux de l’Est du Canada (1920), P. A. Taverner dit que le Moucherolle à ventre jaune habite les grandes plaines en allant à l’est et au nord jusqu’au bout des régions cultivées. «C’est encore un moucherolle des bois mais il fréquente moins les grands arbres; il préfère les fourrés qui bordent les forêts. Régime alimentaire très semblable à celui des autres petits moucherolles. Son habitude de se tenir sur les bords des forêts qui longent les terres à culture en fait un oiseau précieux pour le cultivateur.»
Dans Les oiseaux de la province de Québec (1906), Charles-Eusèbe Dionne écrit : «Cet oiseau habite l’est de l’Amérique du Nord, jusqu’aux prairies; il niche depuis le nord des États-Unis jusqu’au sud du Labrador, et se voit, en hiver, au sud, jusque dans l’est du Mexique et dans l’Amérique centrale. Il est commun au lac Mistassini et il y niche, mais il est rare en été à Montréal. Également rare à Godbout et assez rare à Anticosti. Il est aussi rare aux environs de Québec. […] Cet oiseau fréquente les forêts, les savanes et les buissons.»
En migration sans doute vers le Sud, ces moucherolles, tout à fait silencieux, font escale ici. Pour combien de temps ? Allons savoir.
Chose certaine, c’est le bonheur d’accueillir chez soi une abondance d’insectes, une table pour leurs prédateurs.
Beaucoup d’oiseaux ont les yeux clairs… mais l’intelligence qui émane du regard « décidé » des moucherolles en général m’a toujours fasciné…
De très belles photos attestant d’une mention spéciale à ajouter à la longue liste des oiseaux de votre cour, Monsieur Provencher… Félicitations..!
Merci infiniment, cher Mario. C’est tout à fait vrai ce que tu écris sur le regard des moucherolles, toujours aux aguets, toujours prêts.