Les goélettes reprennent possession de l’estuaire
Imaginons, il y a plus de 100 ans, sitôt le printemps revenu, une saison absolument normale dans l’estuaire du Saint-Laurent, en bas de Québec. Avant la venue prochaine des grands transatlantiques, les goélettes sont là, articulant toute la vie sur le fleuve.
Le 15 mai 1908, Le Soleil annonce que huit goélettes partent de Québec, deux pour Baie-Saint-Paul, l’Our Maud et la Saint-Louis, et les six autres, chacune vers une destination différente : Montmagny, L’Islet, Saint-Irénée, La Malbaie, Rimouski et Cap-Chat. Cinq autres goélettes, le même jour, rentrent au port de Québec, l’Émilia, la J. E. B., la D. T., la Marie-Blanche et la Marie Emma. Venues celles-ci de Grande-Baie, Saint-Siméon, Saint-Jean-Port-Joli et Saint-Roch-des-Aulnaies. La goélette occupe toute la place. Forte d’un fond plat et d’un faible tirant d’eau, elle peut accoster n’importe où. Nul besoin de quai. On la charge et la décharge à l’ancre, en eau plus ou moins profonde. On peut même le faire à l’échouage, ce qui permet aux charrettes tirées par les chevaux de s’approcher tout près, évitant ainsi le transbordement des marchandises dans de plus petites embarcations.
La goélette est vraiment le bateau de cabotage par excellence pour l’estuaire et le golfe calme. Allant de place en place. Faisant le service de choses quotidiennes.
Aujourd’hui, il n’y a plus de cabotage. Le camion, hiver comme été, assure les échanges et le commerce.