Célébration du chat
Je suis chat, davantage que chien. D’ailleurs ma chatte d’Espagne a 21 ans aujourd’hui même. Sa vétérinaire dit que le fait qu’elle soit sang-mêlé, métissée, l’a rendue jusque là. Davantage que les racés, les bâtards tiennent des éléments de l’éternité. Cela dit, comment résister à l’envie de vous proposer cet article du journal La Patrie du 13 mars 1897. Une nouvelle pièce, sans doute repêchée dans la presse française, à ajouter à l’histoire du chat.
Si Pline en doit être cru, les Arabes adoraient un chat d’or. Les Alains, les Suèves, les Vandales avaient adopté comme emblème le chat, symbole de liberté, animal qui peut être momentanément dompté, jamais soumis. Mais l’Égypte ancienne fut surtout l’Eldorado, la Cocagne du matou. D’or ou d’argile il était Dieu; et les femmes n’étaient tenues pour belles qu’autant que leur beauté se rapprochait du genre chat.
Encore aujourd’hui, les Turcs considèrent le chat comme l’animal pur entre tous, au rebours du chien, l’animal impur; et cette vénération s’explique si l’on se rappelle que le chat est admis par Mahomet dans son paradis. C’est même en conférant cet honneur à son minet familier que le Prophète, de même coup, lui passant la main trois fois sur le corps, lui imprima la vertu de toujours retomber sur ses pattes.
Nos savants de l’Institut qui, graves et étonnés, prirent l’an dernier des clichés instantanés de chats qu’on laissait tomber de hauteur d’homme, et qui se retournaient avant de toucher terre, n’avaient qu’à attendre le premier marabout de la prochaine mosquée qu’on va construire à Paris; il leur aurait donné tout de suite l’explication du phénomène, ou du moins une de ses explications. C’est l’intervention de Mahomet qui opérait.
Il n’est point surprenant après cela que nombre d’entre nous aient hérité de cet amour du chat. Tout possesseur de chat d’appartement professe pour ce gracieux mime, si coquet en ses cabrioles, si comique en ses gentillesses, un attachement d’autant plus profond qu’il est moins partagé.
Le chat, égoïste, se laisse choyer avec une superbe indifférence; il se souvient évidemment des adorations de l’Égypte. Or, l’affection quasi-paternelle que l’amateur arrive à porter à l’animal favori l’induit rapidement à le considérer comme le plus beau de sa race. Il n’hésite donc pas à le faire figurer dans une exposition, convaincu d’avance que le premier prix lui est réservé.
Ainsi s’explique la vogue exceptionnelle des exhibitions de chats en Angleterre, où ces solennités sont depuis longtemps communes et d’usage courant.
Je crois pourtant qu’au point de vue de la beauté, les chats français l’emportent, étant beaucoup plus dorlotés par leurs maîtres — les chats de luxe s’entend.
Alors qu’en Albion ces félins domestiques sont les plus souvent relégués à l’office, alors que leur nourriture se compose de déchets de boucherie que colportent traditionnellement de porte en porte les cats meat men (littéralement : hommes de viande pour chats), en France, au contraire, dans les bonnes maisons, les chats sont presque aussi heureux que des enfants; on les bichonne, on le caresse; leur foie, leur mou, leur lait sont l’objet d’une inspection sévère; rien n’est trop beau ni trop bon pour eux.
Le chat français a enfanté des dévouements qu’on ne retrouve que sur les bords du Nil. J’ai connu une dame, portant un nom célèbre dans les arts, laquelle, ayant lu qu’un hôpital-asile pour les chats errants et malades existait au Caire, près de la porte de la victoire, imagina d’en fonder un à Paris.
Cette dame n’était pas riche, mais elle avait la foi qui soulève des montagnes. Elle parvint à si bien endoctriner Mme veuve Boucicaut qui était son amie, que celle-ci, la charité même, se laissa extraire quelques billets de mille francs pour cette bonne œuvre d’un nouveau genre.
L’hôpital fut créé aux portes de Paris, à Vanves, et c’était un curieux spectacle qu’une visite à cet établissement, qui tenait à la fois de l’infirmerie et de l’asile de nuit.
Quand un chat errant et malade avait été rétabli, retapé et remplumé par quelques semaines d’hospitalisation, on le casait dans une famille sûre où des soins dévoués lui étaient acquis. Ce placement de ses protégés était devenu la grosse préoccupation de la fondatrice.
Le chat cependant a eu ses détracteurs. Après Ronsard qui écrivait :
Homme ne vis qui tant haïsse au monde
Les chats que moi, d’une haine profonde;
Je hais leurs yeux, leur front et leur regard,
En les voyant je m’enfuis d’autre part…
Buffon appuya cette haine de son autorité scientifique : « Quoique ces animaux, dit-il, surtout quand ils sont jeunes, aient de la gentillesse, ils ont en même temps une malice innée, un caractère faux, un naturel pervers, que l’âge augmente encore et que l’éducation ne fait que masquer… »
En revanche, combien d’apologistes se sont dressés pour défendre Minet ! Les écrivains les plus célèbres de ce siècle n’ont pas cru déroger en affichant leur amour pour lui. Balzac, Baudelaire, Toussenel, Émile Jola se sont affirmés félinophiles déterminés.
J’aime beaucoup le chat, mais je préfère le chien, plus franc, plus généreux, un vrai chum comme on dit au Québec.
Mais pourquoi les opposer? Parce qu’ils cohabitent souvent (et s’entendent d’ailleurs souvent très bien)?
Et s’il le faut, pourquoi, cher Jean, préfères-tu le chat, ce tueur en série, toi qui adores les oiseaux?
Ah, vieux canin que tu es ! Les chats, chez moi, ont toujours fait bon ménage avec mes oiseaux. Ce sont bien davantage les rapaces, comme ce magnifique autour, cet hiver, qui se paie la traite dans mes oiseaux. Et puis pourquoi lire que j’oppose les chats et les chiens, je ne déteste pas les chiens, je dis que je suis davantage chat que chien, j’aime l’indépendance des chats que les chiens n’ont pas. J’ai déjà gardé chez moi, à la campagne, les labradors de mes frères et ça allait bien. Mais si tu me donnes à choisir, je te laisserai le chien et je prendrai le chat. Simplement.
Au fond, ça dépend des attentes que nous avons à l’égard d’un animal domestique. Si, par exemple, c’est du chant que tu veux, achète-toi un canari. Si c’est un chum, oui, prends-toi un chien. Mais j’aime la présence, plus souvent qu’autrement discrète, du chat. Il va son train, ne fait que te frôler en passant, se met à ronronner doucement du plaisir qu’il prend à la vie. Le chat est un témoin. Et il est simplement comme une lampe allumée dans une maison.
Faut que je te laisse, Jean-Luc, je dois aller récupérer ma bagnole.Ça, tu en paies le prix d’avoir une bagnole et le moment vient toujours où il faut que tu fouilles dans ta poche pour faire rouler ce paquet de tôle. Allez, bonne journée.
Je ne connais aucun propriétaire de chien qui haissent les chat,moi même qui a deux chiens a la maison,aime les chats,j’ai deux soeurs qui sont des inconditionnelles avec les chats!
Voilà, cher Monsieur Gaudreault, tout est dit.
Pourquoi ceux qui possèdent un chat sont-ils en meilleure santé que ceux qui n’en ont pas ?
Il faut lire » Le chat révélé « , Desmond Morris ! Une petite bible de 150 pages où il répond aux questions comme :
Les chats voient-ils les couleurs !
Pourquoi la femelle crie-t-elle pendant l’accouplement ?
Pourquoi les chats ont-il l’air de ricaner ?
Et beaucoup d’autres comme ça !
Bonne lecture !
Ô, merci beaucoup, chère Ode !!!
chat et chien, deux plaisirs différents, l’un est soie, l’autre joie, un accompagnateur, un compagnon. bien-sur que j ai les deux et vive la zoothérapie.
coincidence? curieusement, chez des connus – vous incluant, les trois ‘records’ de longévité féline appartiennent à des chattes d espagne: 23, 21 et près de 20 ans pour la mienne qui n est plus.
Absolument, vous avez bien raison, chère Vous. Et puis Hourra pour les chattes d’Espagne, ces femelles éternelles !
Merci pour cet article. Ah les chats!….sujet inépuisable. Je vis avec eux et avec deux chiens. Tous des rescapés qui me donnent beaucoup de bonheur et de réconfort. Votre belle chatte d’Espagne de 21 ans s’appelle comment?
Chat dit:
– Je ne suis pas un ami
et je ne suis pas un serviteur.
Je suis le Chat qui s’en va tout seul
et je désire entrer dans votre Grotte.
Rudyard Kipling
‘Histoires comme ça’
Anicée
Merci, bien Chère Anicée. Manifestement, Kipling connaissait le chat. Ma chatte s’appelle Bouboule. Je sais, ce n’est pas malin. Ça m’est venu, simplement comme ça, lorsqu’elle m’est apparue. Vous trouverez tout de sa venue en 1992 à l’article suivant : https://jeanprovencher.com/2011/06/24/bouboule/
Et, dites, les vôtres comment s’appellent-ils ?