Sont-ce des aurores boréales ?
De tout temps, l’humain a observé l’immensité du ciel, se demandant, devant une fait hors du quotidien, ce qui se passait soudain là-haut, et toujours : « Sommes-nous seuls dans l’univers ?». Le samedi soir, 13 février 1892, le ciel est hors de l’ordinaire, ce qui fascine les observateurs. La Tribune de Saint-Hyacinthe en rend compte six jours plus tard, le 19 février.
Tout le monde a dû remarquer, sans doute, samedi soir, une lueur rouge à l’horizon. On crut d’abord que c’était un incendie ravageant quelques bâtiments de ferme assez éloignés, mais on s’aperçut ensuite que cette lueur se promenait de l’ouest au nord.
— C’est signe d’un froid prolongé, disait quelques-uns.
D’autres prétendaient que c’était une aurore boréale. Dans tous les cas, c’était un phénomène nouveau. Il se passait quelque chose d’extraordinaire dans le firmament.
Naturellement, les bonnes gens vont dire : C’est signe de guerre. Bon, attendons la guerre.
Il est vrai que nous sommes en pleine lutte électorale, c’est un peu la guerre, mais l’aurore boréale est arrivée un peu tard pour annoncer cet évènement.
Le professeur Walter H. Smith, président de la société astronomique et météorologique de Montréal, dans une entrevue avec un journaliste, a donné l’explication suivante des phénomènes météorologiques observés, samedi. Le déploiement des grandes aurores boréales de la nuit de samedi dernier a été le plus grand qui s’est produit, depuis le 18 novembre 1882.
J’attribue, dit-il, ces aurores boréales ainsi que la tempête de neige qui passe actuellement sur le Canada aux phénomènes extraordinaires qui se manifestent aujourd’hui sur le disque du soleil. Ce sont des taches qui sont visibles à l’œil nu. Une tache sur le soleil, pour être visible, doit avoir un diamètre d’au moins 30,000 milles.
La terre et la lune pourraient tomber dans ces taches et y être complètement absorbées, la terre n’ayant que 8,000 milles de diamètre. J’ai étudié les apparitions de ces aurores boréales et de ces taches solaires, qui remontent à l’an 120 avant l’ère chrétienne, et je suis arrivé à la conclusion qu’elles arrivent à leur maximum d’intensité tous les 65 ans. Nous entrons maintenant dans la période d’un de ces maxima de tempêtes solaires et d’aurores boréales.
L’illustration est extraite de l’ouvrage de Louis Cousin-Despréaux, Les leçons de la nature présentées à l’esprit et au cœur, Tours, Alfred Mame et Fils, 1885.