Montréal, une ville colorée
Dans un article du 25 janvier 1894, intitulé Comment se décompose la population de Montréal, l’hebdomadaire de Joliette, L’Étoile du Nord, nous livre ces données sans autre commentaire.
Le tableau suivant, qui remonte à deux ans, indique de combien d’individus de chaque nationalité la population de Montréal était alors composée :
Canadiens-Français : 120,121
Anglais : 30,285
Irlandais : 37,389
Écossais : 13,028
Gallois : 283
Terreneuviens : 1,021
Australiens : 21
Des Indes Orientales : 27
Des Indes Occidentales : 45
Nègres, Possessions Anglaises : 40
Américains : 2,670
Français : 1,156
Juifs : 1,928
Belges : 287
Hollandais : 80
Italiens : 626
Allemands : 1,092
Autrichiens : 46
Polonais : 71
Suisses : 83
Norvégiens : 270
Suédois : 157
Danois : 112
Hongrois : 20
Russes : 36
Nègres, États-Unis : 173
Chinois : 28
Autres nations : 198
Total : 211,302
Il est certain que, depuis deux ans, la proportion en faveur des Canadiens-français a beaucoup augmenté.
Le nouveau quartier Saint-Denis, à lui seul, est pour nous un appoint de plusieurs milliers d’âmes.
Cette ventilation de la population montréalaise est très intéressante et semble très « moderne », jusqu’au moment où on tombe sur les « Nègres » consciencieusement répartis en « possessions » anglaises et possessions américaines! Comme vous dites, cher Jean, une ville très « colorée ». ;-)
À l’époque, on utilise constamment le mot Nègre dans la presse québécoise. Dans certains cas, c’est simplement l’expression du temps. Mais, dans d’autres, on arrive à lire le mépris.