Décès de Zagui
Comme dans tous les pays du monde, la société québécoise a toujours compté un certain nombre d’Originaux et détraqués, selon le titre du livre de l’écrivain Louis Fréchette. En voici un qui nous quitte. Sous le titre De l’excentricité à la folie, il n’y a souvent qu’un pas, La Patrie du 21 novembre 1895 raconte.
Un excentrique du nom de Isaïe Filteau, Zagui comme on se plaisait à l’appeler, vient de mourir à l’asile de Beauport, dans la soixantaine de son âge.
Pendant la plus grande partie de sa vie, il a parcouru tous les recoins de la province, surtout les paroisses sud du fleuve, en haut de Québec.
Tout le monde dans ces paroisses le connaissait bien, et personne ne manquait de rire lorsque Zagui faisait son apparition.
Entendait-il parler d’un enterrement à Trois-Rivières, Isaïe s’y rendait à pied toujours; un autre à Trois-Pistoles, Isaïe prenait le chemin et arrivait… le plus souvent en retard.
Il visitait surtout les forgerons de ces paroisses à date fixe pour obtenir leurs vieux tabliers de cuir pour se confectionner des mitaines. Jamais il n’acceptait d’autre cuir, pas même une peau neuve. Le vieux tablier du forgeron l’occupait continuellement.
Il vivait d’un repas ici et là, personne ne refusait l’hospitalité à Zagui.
Étant devenu malin et dangereux, on l’a fait interner à Beauport, il y a quelques années.
L’œuvre ci-haut est une création du sculpteur Émile Bluteau, de Wickham. Il me disait avoir voulu sculpter son père, car celui-ci s’habillait ainsi.
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