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Ma chère amie Sylvia Berberi est partie

À la fin de l’été 1964, un groupe de quelque 28 filles et gars du début de la vingtaine pour la plupart se présentaient au département d’histoire et géographie de l’université Laval.

Nous venions pour suivre au moins trois années de cours en histoire, afin de devenir historiennes et historiens. Beaucoup venaient de la région immédiate de Québec. Mais d’autres d’ailleurs. Magella venait de la Côte nord, Claude, de Saint-Félicité de Matane. Léon Thériault, lui, venait d’Acadie et quelques années plus tard allait fonder le département d’histoire et de géographie de l’université de Moncton. Moi, de Trois-Rivières. Et Sylvia, de Saint-Georges de Beauce. Et j’en passe.

La vie a duré trois ans ensemble, parfois quatre, mais guère plus. Sylvia a regagné Saint-Georges pour être d’abord enseignante en histoire.

Elle et moi, nous ne nous sommes jamais perdus, nous nous aimions, sachant que nous étions des pionniers en histoire. Étonnamment, nous nous sommes rarement revus physiquement. Mais nous échangions des lettres, des appels téléphoniques, des courriels par la suite.

Elle me faisait part de son vécu au sud de la Beauce (devenue en particulier huit fois grand-mère), et je l’informais du mien à Québec. J’aimais qu’elle me raconte la vie de son grand-père Gabriel, Syrien d’origine, arrivé avec le siècle. J’en ai même fait un billet sur ce site.

C’est étonnant, elle savait que j’étais toujours là pour elle, et moi qu’elle était toujours là pour moi. Une heure et demie de route nous séparait, mais qu’importe, nous maintenions la lampe allumée.

Je ne savais pas qu’elle était malade, jamais nous n’avions parlé de santé. Le 19 juillet, elle demandait à son quatrième fils Alexandre de me faire parvenir ce courriel sous le titre « Un adieu »

Merci beaucoup pour ta gentillesse, ton amitié et ta fidélité. C’est toutefois un triste merci, puisque c’est la dernière fois que nous communiquons. Il ne me reste que quelques jours à vivre. J’ai fait le choix de ne pas en parler avant. Je me suis battu contre la maladie depuis déjà 11 ans avec l’espoir de guérir. J’aurais aimé t’adresser ces mots en personne, mais la maladie ne cesse de progresser et les forces me quittent.

Sache que je t’apprécie et te considère comme un ami, et je garde de très bons souvenirs de toi.

Mes garçons m’entourent de leur amour et de leurs soins à la maison et j’ai choisi de ne pas avoir de visite étant donné ma grande fatigue.

Merci encore pour ton amitié et je te souhaite la santé!

Sylvia

Je fus foudroyé, ma chère Sylvia qui s’apprêtait à partir. J’en braille. J’ai sauté sur le téléphone pour lui dire que je l’embrassais, que je la prenais dans mes bras et que je serais avec elle pour cette traversée.

Le vendredi, 24 juillet, en après-midi, chez elle, entourée de ses quatre gars, elle nous quittait.

Bravo les gars d’avoir été près d’elle.

Si chère Sylvia. On se sent tellement appauvri et beaucoup muet lorsqu’une amie semblable s’envole. Ouf !

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Magella Quinn #

    C’est très senti Jean! Je te remercie de tout coeur. Magella.

    13 août 2020
  2. Jean Provencher #

    Merci, cher Magella, merci beaucoup.

    13 août 2020

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