Ce salon du livre
J’ai vécu plusieurs salons du livre depuis le début des années 1970, y compris trois à Paris. Tantôt, les journées sont calmes. D’autres fois, il y a foule, mais tout à fait supportable. Celle de samedi, 23 novembre, fut difficile à avaler. Et, toujours lorsqu’il y a foule monstre, les échanges avec le public qui devient soudain pressé, tendu, sont vraiment « très ordinaires ».
On dirait que les visiteurs entrent dans un état second. Les heures sont longues pour tout le monde pris en pain.
Mon fils, en France en ce moment, m’a écrit hier, lundi : J’ai vu beaucoup de commentaires sur Twitter de visiteurs qui se plaignaient de la surcharge, samedi.
La foule du lendemain, dimanche, fut « charmante ». Elle ne tenait vraiment pas de la cohue. Nous ne sentions pas du tout la tension de la veille. Les visiteurs pouvaient s’arrêter longuement à échanger, à plaisanter. J’ai beaucoup aimé ce jour.
J’ai vécu alors de fort beaux moments. Il serait trop long de vous les confier tous. Mais, dès mon arrivée, à 11 heures, alors que j’avais encore le manteau sur le dos, un couple de Châteauguay achetait trois copies, l’une pour eux, l’une pour une amie et la dernière pour un cadeau en réserve à quelqu’un inconnu pour l’instant. Un peu plus tard, un couple de personnes âgées s’achetait un livre et leur petit-fils, Zach, qui fréquente des camps d’été sur la nature dans le coin de Rawdon depuis six ans, tenait à s’en payer un de sa poche. Lui et moi — moment rêvé — avons échangé sur la cercope écumeuse, tout petit insecte qu’on croit encore être un crachat de crapaud ou de couleuvre. Trois personnes m’ont dit qu’elle voulait en faire cadeau à leur père ou leur grand-père, amant de la nature. Et encore, et encore. Un ami d’Armand Vaillancourt, qui se définit comme un « jack-of-all-trade », avec qui il travaille beaucoup, etc., etc. J’ai tant aimé ces nombreux échanges. et je fus heureux d’apprendre que mon grand livre avant celui-ci — Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent — encore disponible soit en papier en librairie, soit en numérique, est toujours pour moi une locomotive. Et la jeune et belle Clara tout près, cheveux en broussaille, de la Bretagne bretonnante, étudiante en théâtre à Montréal pour un an, employée dans le stand par Gallimard, prenait plaisir à ces échanges. Et elle me disait avoir beaucoup appris la nature de son père, en particulier en marchant sur les plages de la mer. Jour rêvé pour un auteur.
Mon bilan. Trois exemplaires de ce livre Histoires naturelles, vendus, samedi. Et au-delà de 25, dimanche. J’ai cessé de compter à partir de 25.
Et merci à l’écrivain Louis Hamelin pour sa chronique dans le quotidien Le Devoir, édition du samedi 16 novembre, qui a eu beaucoup d’échos. Salut, Louis.