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Retour dans le journal personnel du poète et écrivain Hector de Saint-Denys Garneau

Extraits.

J’aime à voir le miroitement des feuilles dans la lumière, l’ombre changeante et l’eau qui coule, toute cette agitation mouvante, comme s’il y avait une âme à tout cela et cherchant à dire une parole. P. 71

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Jours de pluie : les rues luisantes où vibre à l’envers la splendeur des feuillages d’automne, dans le beau noir luisant du bitume.

Et je comprends le vers de Verlaine : « O la rivière dans la rue. »

Quelle fraîcheur, quel merveilleux étonnement d’enfant qui regarde par la fenêtre et voit non pas « la rue comme une rivière », mais « la rivière dans la rue », et qui lance son cri joyeux ! P. 83

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J’ai vu en passant en auto dans la petite descente, passé la croix, à travers ce bois touffu d‘érables et peut-être de chênes, que l’automne en tous cas rend dorés autant que rouges, un ciel d’un bleu merveilleux tout proche de celui de Chartres (façade), une lumière bien semblable. Ce bleu d’ailleurs, très fin et comme léger, se voit souvent en automne, On le saisit surtout par rapport aux ors et rouges de feuillages. P. 152

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 La vie rit de toutes les formes de mort, de tous les rongeurs dont l’attaque ne la menace pas. Elle prouve ainsi comme par le fait sa force, sa victoire. Elle pose son authenticité, son irréductibilité. P. 197

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Au printemps, la terre à la lumière dit : « Viens » !

Compagnie féconde et pleine de réponse.

Comme une main tendre sent que le sang de l’aimée lui répond.

Les rayons pénètrent et réchauffent. Leur chaleur s’attarde partout. Quand elle n’est plus là les fruits qu’elle éveille vivent encore d’elle et l’appellent, et la saluent d’un nouveau cri à sa venue. P. 227

 

Saint-Denys-Garneau, Journal, Montréal, Beauchemin, 1963.

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