Ai vécu une situation émouvante
Je marchais. Comme souvent, je voyais soudain tournoyer sous l’effet du vent ce qui me semblait être une feuille. Mais le temps était mort, sans vent, et à bien regarder, il s’agissait d’un Tigré du Canada, sans doute en fin de vie après six ou sept semaines, et qui se débattait, la tête en bas, pour se libérer d’un fil d’araignée dans lequel il était empêtré.
Je suis intervenu fort doucement pour ne pas le blesser, le tenant entre mes deux mains en forme de bocal. Et j’ai réussi à enlever ce fil qui l’empêtrait.
Puis je l’ai déposé au sol, espérant qu’il s’envole. Et même épuisé, il faisait quand même des efforts pour prendre le large. Mais je me suis rendu compte qu’il avait perdu son aile postérieure droite, sans doute lors de ses efforts pour se libérer.
Je lui ai expliqué que nous étions ensemble, que, tous deux vivants, nos conditions étaient communes de naissance, de vie et de mort. Mais je savais bien qu’il ne pourrait plus voler. Et j’ai trouvé difficile de le laisser là, à son sort.
Cher Tigré.