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Être longuement observé par un insecte

Je vous souhaite de connaître un jour ce plaisir.

Je m’étais rendu très loin sur le terrain pour voir un grand arbuste présentement en fleur, la Viorne aux feuilles d’Aulne.

Revenant vers la maison, voilà qu’un vieux Vulcain, très âgé (on le constate rapidement à la vue de ses ailes si abimées), est posé calmement sur une feuille de l’aubépine.

Il ne butine plus. Il a plutôt l’air de simplement prendre plaisir en ses dernières heures à tout ce qui l’entoure.

Je marche lentement, très lentement et il choisit de quitter la feuille et de me précéder dans ma marche, se posant constamment face à moi pour m’observer. Alors je choisis d’y aller encore plus lentement. Manifestement, il est fort étonné de ma présence.

Quel plaisir de voir que j’intrigue ce petit être et que c’est le plus loin que nous puissions aller lui et moi dans la communication ! Nous jetions un pont.

À la vérité, dès qu’on se rend disponible, la Nature s’y rend aussi.

Images.

3 commentaires Publier un commentaire
  1. Mariette Provencher #

    On n’a pas souvent la chance de voir un papillon au soir de sa vie. Peut-être vont-ils spontanément se mettre à l’ecart pour partir en toute tranquillité. Je ne sais pas si c’est la beauté de ton texte, mais tes photos me touchent beaucoup.

    27 juin 2019
  2. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, chère.
    Il faut dire que le Vulcain est de la famille des grands voyageurs. Aussi vit-il beaucoup plus longtemps que les résidents. Dans son développement, le papillon connaît plusieurs étapes, il passe de l’œuf, si on peut dire, à la chenille, au cocon, puis au papillon (les scientifiques disent imago). Or, certains prétendent que dans le cas de ces papillons grands voyageurs, ils peuvent vivre jusqu’à dix ans si nous comptons toutes les étapes franchies.

    Celui-ci, après avoir butiné dans le lilas, et après la floraison du lilas, il tournait autour de la maison, à l’avant, à l’arrière, et du côté du soleil le plus présent, le côté ouest. Je lui parlais même, car il venait se poser pour un instant sur le mur arrière de la galerie avant. Il me tournait autour aussi en marchant sur mon terrain près de la maison. Et je lui disais : « Qu’est-ce que tu as à me dire ? Hein ? » Un jour, très certainement, les humains qui parlent ainsi aux insectes ne seront pas considérés comme des maboules.

    Merci encore, chère.
    J’intéressais ce papillon.
    J’y retourne aujourd’hui et espère pourvoir le saluer à nouveau avant qu’il tombe au sol.
    Et je ne déteste pas que plusieurs vivants, au fil des années, choisissent l’arche pour les dernières heures de leur vie et mourir. C’est un si beau lieu aussi pour mourir.
    Au fil des années, d’ailleurs, j’ai eu quelques Vulcains, bien vieux, aux ailes amochées, qui ont butiné dans le lias et sont restés sur place par la suite pour leurs dernières heures.

    27 juin 2019
  3. Mariette Provencher #

    Je ne sais pas si je vais être moins stupide en me couchant ce soir, mais je sais une chose : j’aurai la tête pleine de papillons. Ca va être bien plus agréable qu’être plus brillante. ;-)

    27 juin 2019

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