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Rêvons. Je vous explique

En France, beaucoup vivent avec une sorte d’image idyllique portée depuis plusieurs générations, un peu comme nous au Québec pour la veillée du bon vieux temps.

Le peintre français Antoine Watteau (1684-1721) aimait beaucoup s’attarder à peindre des fêtes galantes, très belles, qui se passaient en forêt, avec des musiciens, et la présence d’enfants.

Au 19e siècle, on va le considérer comme le grand peintre français du 18e siècle. Le poète Théodore de Banville (1823-1891) publie en 1853, donc à l’âge de 30 ans, le poème Arlequin et Colombine. Selon Eileen Souffrin, qui travailla sur la poésie française de 1830 à 1890, il s’agit d’un poème fortement inspiré du grand peintre Watteau. Le voici :

Arlequin et Colombine

 Bosquets harmonieux, célestes paysages,

Sérénité des eaux, profondeur des ombrages,

Frondaison lumineuse où resplendit la nuit,

Où l’atmosphère en feu dans l’obscurité luit,

O forêts et jardins, retraites et fontaines,

Horizons ruisselants de tendresse hautaines,

Sources vives, guirlande amoureuse, beaux parcs,

Où les bambins joufflus tendent au loin leurs arcs,

Lointains de pourpre rose où les aurores saignent,

Flot scintillant de lune, où doucement se baignent

Des nymphes au dos svelte, adorables lueurs,

Grave et sombre idéal, mystères enchanteurs,

Voix des oiseaux mêlée à l’haleine des roses,

Solitudes des bois pures et grandioses,

Oh ! que vous rayonniez, paysage endormi,

Lorsque le grand Watteau faisait errer parmi

Votre ombre étincelante et votre nuit divine

Son Arlequin rêveur auprès de Colombine !

 

On trouvera ce poème dans le livre de E.-M. Souffrin, Les Stalactites de Théodore de Banville, Paris Éditions Henri Didier, 1942, p. 342. Prix de l’Académie française en 1943.

Puis venons-en au livre du romancier Alain-Fournier (1886-1914), Le Grand Meaulnes, publié en 1913 à 27 ans. Depuis l’adolescence que j’aime ce livre, car je vivais alors ce que Meaulnes vit dans ce roman. Dans ma campagne, il me semble aimer croire à l’occasion me retrouver dans un petit village de Sologne, près de Vierzon. Mais la belle Yvonne de Galais n’y est point.

C’est l’histoire d’un jeune homme qui, un jour, invité, se retrouve dans une région de France magnifique, là où, dans un domaine mystérieux, il y a une fête étrange, poétique et pleine d’enfants, comme dit la page Wikipédia sur ce livre, et où Meaulnes fait la rencontre d’une jeune fille dont il devient instantanément amoureux, mais le cœur de la jeune fille est déjà engagé. Si bien que Meaulnes, à jamais, ne pourra la revoir.

Vous voyez la filiation : Watteau, de Banville et Alain-Fournier. Mais il y a plus. Mon grand ami Jacques Bertin, de France, poète, auteur compositeur et interprète, journaliste et essayiste, nous a proposé depuis quoi, 1970, quelque part part là, un torrent de chansons magnifiques. L’une d’entre elles porte le titre : Une fête étrange et très calme.

La voici :

https://www.youtube.com/watch?v=x_-typNANvQ

Filiation, n’est-ce pas. Remarquez, je m’avance. Je ne sais si mon ami l’accepterait. Mais j’ose.

Salut, cher Jacques.

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