Skip to content

Retour sur les chevaux savants de la rue Saint-Denis

Vous suivez peut-être cette histoire des chevaux savants. Ils se produisent dans le Vieux-Québec, rue Saint-Denis, à l’Académie de musique, la grande salle de théâtre dans la capitale sur le point de disparaître dans un incendie, en 1900.

Le journaliste de L’Électeur retourne voir ce spectacle, en particulier la représentation de l’après-midi pour toute la famille. Retrouvons-nous donc avec lui.

Les représentations données par le professeur Bristol attirent tous les jours un public de plus en plus nombreux. Une foule d’incrédules auxquels leurs amis racontent les prodiges accomplis par ces chevaux extraordinaires accourent les voir à l’œuvre pour bien s’assurer si ce qu’on leur a raconté est bien vrai. Ils s’en retournent absolument émerveillés.

Hier, à la matinée, il y avait salle comble : les enfants s’y trouvaient par centaines. Quels joyeux éclats de rire de tous ces bambins en voyant les promesses de Denver et des autres chevaux ! Leur bonheur a été à son comble, lorsqu’après la représentation, le professeur Bristol a permis aux enfants d’enfourcher ses mulets et ses mules. C’était à qui aurait son tour et l’on aurait dit que ces excellentes bêtes comprenaient tout le plaisir qu’elles donnaient aux enfants.

Le soir, il y avait plus de monde encore. On se battait presque au guichet pour acheter des billets.

Voir des chevaux valser, danser le quadrille, faire la chaîne bien mieux que beaucoup de gens, se balader dans une berceuse, danser sur la corde, manger en tête à tête, porter les lettres à la poste ; tout cela est bien étonnant, n’est-ce pas ? Eh bien ! ces chevaux-là font tout cela et bien d’autres choses encore qui nous échappent dans le moment.

Soudain, le professeur exhibe sa montre à l’un des chevaux et l’invite à dire quelle heure il est. L’animal, s’il est disons neuf heures et quarante minutes, piaffera neuf fois d’abord pour indiquer les heures et vingt fois le nombre de minutes qui restent avant dix heures. Il nous dit aussi de la même façon le quantième du mois et dans quel mois nous sommes, si c’est le premier, le second et le quatrième, tout cela au moyen de ses piaffements.

Inutile de dire que l’audience applaudit à tout rompre.

Chacun de ces chevaux, après avoir joué son rôle, vient faire un grand salut au public comme un acteur qui a vu souvent le feu de la rampe.

De l’avis de tous ceux qui ont eu l’avantage d’y assister, c’est un spectacle dont on ne saurait se former une idée juste. Il faut voir pour croire que des animaux peuvent recevoir une pareille culture.

Ce que tout cela représente de travail, et de patience est vraiment incroyable. […]

 

L’Électeur (Québec), 26 avril 1894.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS