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L’origine des œufs de Pâques

Voici l’avis du chroniqueur de La Patrie, Pierre Sansfaçon.

D’où vient l’origine des œufs de Pâques ?

Pour dire vrai, on n’en sait rien ; il y a plusieurs versions sur cette matière.

Nous ne rapporterons que la plus probable :

Aux temps primitifs de l’Église, il était interdit de manger des œufs en carême ; et le vendredi saint comme le jour de Pâques, on allait à l’église pour faire bénir les œufs dont on avait été privé pendant quarante jours ; on rapportait ensuite dans la famille de ces œufs bénits qui étaient l’occasion de réjouissances domestiques.

Entre voisins et amis, on s’envoyait de œufs teints en rouge, en bleu ou bariolés de diverses couleurs.

Il y avait aussi la procession des œufs qu’organisaient les écoliers.

Clercs, écoliers, jeunes gens se réunissaient sur la place publique, au bruit des sonnettes et des tambours, avec étendards, lances et bâtons. Ils allaient devant la principale église chanter Laudes, et se séparaient ensuite pour aller quêter de porte en porte les œufs de Pâques.

En Artois, le jour de Pâques, les enfants de chœur choisissaient la plus jolie fille du village ; on la paraît de fleurs artificielles et de rubans, et les quêteurs se rendaient de ferme en ferme en chantant :

 

Donnez, donnez à notre Réheine,

Qu’elle est si belle et si plaisante

Qu’elle fait d’honneur à tous ces gens.

Là-bas ! là-bas ! sur la montagne,

Nous y ferons faire une hermitaine

À l’heure, à l’heure de minuit,

Pour prier en Jésus-Christ

Un beau bouquet de genaufrées

Que son amant lui a donné.

 

On prétend que l’origine de cette quête remonte au onzième siècle, et voici comment :

Philippe 1er, roi de France avait répudié sa femme, la reine Berthe, pour épouser Bertrade, femme du duc d’Anjou.

Berthe fut confinée au château de Montreuil-sur-mer, où les gardiens l’oublièrent à ce point qu’elle souffrait de la faim. Les jeunes gens des environs, touchés de compassion, se réunirent et organisèrent des quêtes en faveur de leur pauvre reine.

Dans certains villages du midi de la France, beaucoup de paroissiens ont conservé l’habitude de donner des œufs de Pâques à leur curé lorsqu’il bénit leur maison pendant la quinzaine de Pâques.

Au Canada, ce n’est guère que depuis quelques années que cette coutume a été introduite dans nos campagnes, mais elle existait déjà dans les villes.

 

La Patrie (Montréal), 16 avril 1892.

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