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« Le langage des gants »

Il nous vient d’Angleterre ; les pudiques misses l’ont inventé pour pouvoir correspondre impunément avec leurs amoureux. Un « oui » se dit en laissant tomber un de ses gants. On les roule dans la main droite pour dire « non ».

Si l’on veut faire entendre que l’on est devenue indifférente, on dégante à demi la main gauche.

Pour indiquer que l’on désire être suivie, on se frappe l’épaule gauche de ses gants.

« Je ne vous aime plus du tout » se prononce en se donnant de petits coups avec les gants sur le menton. Pour « je vous hais », on retourne ses gants à l’envers. « Je souhaiterais être près de vous », se dit en lissant ses gants. Si l’on veut faire ce charmant aveu : « Je vous aime », on laisse tomber les deux gants à la fois. Si l’on veut témoigner que l’on est « furieuse », on les éloigne, etc., etc. En fin de compte, c’est un truc renouvelé, avec moins de grâce et de fraîcheur, du langage des fleurs. Mais, soyez sans crainte, sans fleurs et sans gants, l’amoureuse saura bien dire tout ce qu’il faut — avec ses yeux.   L’Électeur (Québec), 17 avril 1894.

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