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« Correspondances muettes »

L’un près de l’autre, sans parler,

Que de fois, les mains enlacées,

Laissons-nous flotter nos pensées

Au courant qui les fait aller !

 

Nous demeurons ainsi des heures,

Nos cœurs battant d’un rythme égal,

Portés vers le monde idéal

Par nos pentes intérieures.

 

C’est comme un mystique entretien,

Tout aussi suivi, plus bizarre ;

Tu sais où mon esprit s’égare,

Je sais de même où court le tien.

 

Mais le charme muet s’envole.

Soudain se détendent nos doigts

Nous parlons : la même parole

Sort de nos lèvres à la fois ;

 

Et du mot qui rompt nos silences

Le sens ne diffère jamais :

Ce que tu dis, je le pensais,

J’allais dire ce que tu penses.

 

Joséphin Soulary.

 

La Patrie (Montréal), 16 avril 1892.

Dieu que ce texte est voisin de celui d’Yvan Tourgueniev, dans Yvan Tourgueniev, Assez! Extrait du journal d’un peintre défunt, annexe à l’ouvrage Premier amour, publié aux Éditions du Chêne, coll. Livre de poche, 1947, p. 252s.

Une semaine avant même que ce site soit activé en mai 2011, ce texte de Tourgueniev était déjà programmé, prêt à partir à la première commande. Vous le trouverez ici même.

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