La navigation sur le fleuve ouvrira bientôt
Nous sommes à Québec, le 4 avril.
Aujourd’hui, le fleuve charroie un peu de glace provenant des battures d’en haut qui, sous l’effet des dernières pluies, se détachent. Vu le fort vent du nord-est qui souffle, on peut s’attendre, d’ici à quelques jours, [à] voir passer quantité de glace.
On nous informe que la glace du Cap Rouge commence à montrer des signes de faiblesse et, si la température se maintient au doux, on peut s’attendre que la débâcle générale se produira d’ici à une quinzaine.
Le pont de l’Île [qui se forme sur la baie de Beauport] est devenu dangereux, partout l’on peut voir de larges mares d’eau, et maintenant ceux qui s’y aventurent ne le font qu’à leur risque et péril.
Il est actuellement assez intéressant d’aller jeter un coup d’œil sur le bassin Louise. La glace, qui emprisonnait les vaisseaux depuis l’automne dernier, est toute désagrégée, et il faut aux employés beaucoup de précautions pour se rendre à leurs vaisseaux respectifs.
On espère que, dans quelques jours, le bassin sera à peu près libre de glaces, et alors les vaisseaux en hivernement n’auront qu’à se mettre à vapeur ou sous voiles pour sortir et s’élancer coquets et pimpants sur les flots parfois courroucés du St-Laurent.
Ce sera alors l’ouverture de la navigation pour de bon.
Le Soleil (Québec), 4 avril 1901.