Extrait du journal Le Soleil, 28 mars 1903
L’éventail
Je suis délicat et fragile
Élégant, léger et pimpant ;
J’ai su mainte chose futile,
Tout bas chuchotée en riant.
Des grands papillons j’ai la grâce,
Et, dit-on, des fleurs j’ai l’éclat ;
Dans les blanches mains je me place,
Et « caresser » est mon état.
Et si je parlais ! que de choses
Feraient — charme des indiscrets —
Devenir des minois trop roses…
Mais je garderai mes secrets.
Pourtant parfois qu’on prenne garde,
Car par moi plus d’un fut blessé,
Je pique mieux que hallebarde :
Souvent jusqu’au cœur j’ai percé.
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