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Un très petit insecte d’herbages, la Cercope écumeuse

À partir de la seconde semaine de juin et pour un peu plus d’un mois, marcher dans les herbes hautes permet de découvrir des crachats de crapaud ou de couleuvre. En Europe, on parle même de crachats de coucou. Mais ni le crapaud, ni la couleuvre et ni le coucou ne crache.

Ces petites bulles sont l’œuvre d’un insecte de moins d’un centimètre, de l’ordre des homoptères, la Cercope écumeuse, probablement venue d’Europe. Cousine de la cigale et munie de son rostre, elle pique et suce la sève des plantes. Habituellement seule, larve cachée dans ces bulles, elle peut aussi être accompagnée de quelques autres de son clan. Placée la tête vers le bas, elle prend la nourriture qui lui est nécessaire et rejette le surplus par l’anus sous forme de bulles. Ainsi se donne-t-elle une protection contre la sécheresse, les prédateurs et les parasites [Boucher : 79].

Le temps de vivre son état de larve, elle habite ce lieu qu’elle-même crée. Cependant, certains insectes parasites ont appris à reconnaître cette masse blanche et savent qu’il s’y trouve au moins une larve. Aussi s’y rendent-ils pondre leurs œufs, sachant que leurs rejetons auraient là une nourriture toute trouvée. La Punaise bimaculée, (Cosmopepla lintneriana) en noir et rouge, que l’on voit dans la série d’images, arrive sur les lieux avec sans doute cette pensée en tête.

Il m’est arrivé à l’occasion de fouiller dans un de ces crachats, pour retrouver la gamine qui s’y cache. Bien sûr, j’interromps ainsi brusquement son cycle, mais j’aime apercevoir soudain ses yeux globuleux, et je m’empresse de m’excuser auprès d’elle. Après avoir expliqué le secret aux enfants, ceux-ci aiment bien repérer cette toute petite nymphe, cachée, et obligée alors de révéler sa présence.

Cela dit, sitôt sa maturation atteinte, l’insecte sort et entreprend son autre vie, celle de sauteur de place en place, sa niche blanche demeurant à l’herbe, vide de toute présence. En anglais, on l’appelle justement Spittlebug ou Froghopper, comme s’il pouvait cracher ou sauter comme un tout petit batracien.

Il est bien difficile d’attraper l’écumeuse adulte. D’une grande agilité, elle dispose d’une très bonne vue comme tous les insectes sauteurs et s’éloigne dès qu’elle voit un quidam de notre sorte s’approcher.

Cela dit, je n’ai pas encore réussi à expliquer pourquoi, certaines années, les écumeuses sont plus nombreuses qu’habituellement. L’an 2018, par exemple, en fut un d’abondance.

 

Boucher, Stéphanie, Les insectes de nos jardins, Saint-Constant, Broquet, 2006.

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