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Beaucoup de batailles de coq au Québec ont lieu l’hiver

En voici une nouvelle. Un dimanche, peu d’hommes travaillent. Et il est défendu aux femmes d’être présentes.

Dimanche dernier, les hommes du poste de police No 13, situé coin des rues Fullum et Ontario, ont coopéré à une arrestation qui a créé beaucoup de sensation dans les alentours et dans laquelle sont impliqués deux bouchers, deux cordonniers, un hôtelier ainsi que plusieurs « coqs » au plumage verdoyant. Il, s’agit, comme l’on doit s’en douter d’un combat de « coqs », organisé dans l’ombre par plusieurs citoyens dont nous tairons les noms pour le moment.

La police ayant eu vent de l’affaire résolut d’exercer une étroite surveillance ; or, après plusieurs heures de vaine tentative, les policiers virent sortir vers onze heures de l’avant-midi, par petits groupes et à quelques minutes d’intervalle, une quarantaine d’individus d’une cour située en arrière du No 118, de la rue Frontenac, et portant, qui une sacoche, qui un sac de toile, qui un paquet sous le bras, contenant probablement les héros du « prize fight ».

Comme cette heure de la journée est celle du repos, et surtout à cette saison de l’année qu’il n’y a pas d’excursion ni par bateau ni par chemins de fer, pas plus que de pique-niques à l’île Sainte-Hélène, les hommes du poste No 13 en conclurent que c’était bien le complot qu’on leur avait désigné et résolurent d’interrompre sur-le-champ cette procession de bagages de toutes descriptions.

Après s’être enquis des faits, la police apprit qu’un appartement situé au-dessus d’une boutique de forgeron avait été transformé en salle de spectacle, et que, dès sept heures du matin, deux coqs vigoureux chaussés des éperons d’acier en forme d’épée turque et munis de tous les accessoires les plus modernes, s’administraient des taloches à la « Corbett», à la grande satisfaction de l’assistance.

À la suite de ces informations, des mandats ont été émis immédiatement contre deux citoyens pour avoir organisé la lutte, et plusieurs autres ont aussi été sommés de comparaître pour avoir prêté leur concours avant et pendant la bataille et d’avoir aussi encouragé de leur présence ces spectacles défendus.

Les péripéties de cette cause palpitante devaient se dérouler ce matin, devant la cour du recorder, mais l’affaire a été renvoyée à jeudi prochain, le 21 courant.

 

La Presse (Montréal), 15 février 1901.

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