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Les Dindons sauvages, à leur troisième hiver, s’y font maintenant

La jeune femelle qui glougloute

Ils en auront mis du temps. Je ne suis plus l’épouvantail que j’étais, je peux désormais les photographier hors de ma maison. Le premier hiver, ils entendaient simplement la porte arrière se fermer qu’ils s’envolaient. Le second, ils reprenaient leur marche à travers les arbres, à distance, comme des fantômes. Maintenant, ils savent qu’ils peuvent vivre sans crainte. Même que, me voyant, ils poursuivent calmement leur vie de Dindon sauvage, me permettant d’apprendre.

À ma surprise, une petite dindon femelle, sans doute un enfant de l’année, refuse de partir quand les autres le font. Et elle glougloute, elle babille. C’est bien le premier chant de dindon que j’entends. Depuis quelques jours, je cherchais lequel d’entre eux glougloutait. Essayer de reprendre son chant n’est vraiment pas facile. Pourquoi chante-t-elle ainsi ? Une joie, une satisfaction se cache-t-elle dans ce discours ? Pour l’instant, je ne peux guère l’approcher, mais elle se tient tout près et vraiment son comportement diffère de celui des siens. On la dirait confiante… et audacieuse. Je  ne peux m’empêcher de penser que ce jeune, plus petit que les autres femelles, a, comme chez beaucoup d’espèces avant la vie adulte, une confiance naturelle face à la vie. Il n’a pas encore appris à se méfier.

* * *

Ma mère, Claire Parent, fiancée, à quelques semaines de son mariage, a 20 ans. Et la voilà nourrissant la basse-cour, dont les dindons. Le petit bouquet qu’elle porte sous l’épaule gauche, m’a-t-elle dit, souligne d’ailleurs ses fiançailles. Mon père et elle se sont épousés le 28 octobre 1939 à Trois-Rivières. Ici, en visite dans sa parenté à Saint-Raymond de Portneuf, elle s’est sans doute proposée pour aller nourrir ces oiseaux. Et elle a, probablement pour eux, de la nourriture dans son tablier. À Trois-Rivières, rue Cartier, plaçant des morceaux de pain rassis dans un petit sac de papier brun, elle nous envoyait régulièrement, nous fort jeunes, nourrir les poules des Larouche, des voisins tout près. Et on ne se faisait pas prier.

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