Le service postal assuré par des pigeons
Le « Scientific American » cite un exemple, qu’il croit être unique, d’un service postal régulier et périodique effectué au moyen de pigeons.
C’est dans la Nouvelle-Zélande, entre Auckland et l’île voisine Great-Barrier, situé à 60 milles au nord de cette ville. L’île est difficilement accessible ; elle compte peu d’habitants, qui sont occupés à des travaux de mines et qui n’avaient avec la terre qu’une communication par bateau par semaine, lorsqu’en 1896 on eut l’idée de relier l’île à Auckland par un service de pigeons.
À l’origine, le service n’avait lieu que dans un sens, c’est=à-dire qu’on portait en bateau les oiseaux dans l’île, d’où ils revenaient en volant jusqu’à Auckland. […] M, Fricker, qui avait eu l’idée de cette application, et le mérite de l’avoir mise à exécution, réussit à le compléter en installant le double service au moyen d’oiseaux dressés à faire le voyage inverse de celui accompli par les premiers.
Les pigeons mettent, en général, de 64 à 70 minutes pour faire le trajet ; cela dépend, d’ailleurs, du temps et surtout du vent. […] Les messages sont écrits au crayon sur du papier spécial très léger ; ils sont pliés et fermés avec les timbres de l’agence postale, puis enroulés autour de la patte de l’oiseau et recouverts d’une enveloppe imperméable destinée à les préserver non seulement de l’humidité, mais encore du bec du porteur qui pourrait chercher à s’en débarrasser.
Lorsque le pigeon est arrivé à destination, il pousse la trappe qui donne accès à l’antichambre du pigeonnier ; cette trappe fait sonner une cloche qui avertit l’employé de service, lequel enlève à l’oiseau sa charge et le laisse entrer au pigeonnier.
Ce service emploie une centaine de pigeons ; il est officiellement reconnu par le gouvernement impérial comme service postal régulier entre la Nouvelle-Zélande et l’île. Il possède ses timbres-poste particuliers pour l’affranchissement des messages. […]
La Presse (Montréal), 8 février 1901.