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Une étrange mascarade politique

Voici une mascarade sous le sceau de l’Empire britannique, à Montréal. Sans doute pour nourrir l’appui populaire à la guerre que mène le Royaume-Uni en Afrique du Sud. Lecture.

La mascarade de l’Empire britannique dont on a tant parlé depuis un mois a enfin eu lieu et, pour dire la vérité, elle ne nous a pas émerveillés.

Peut-être est-ce parce qu’on nous avait trop promis pour ce qu’on nous a donné, ou pour une autre raison, mais dans tous les cas, le public a certainement été désappointé et a été trompé dans son attente.

Certes, le programme musical exécuté par cinq fanfares et un corps de joueurs de cornemuse a été excellent et a beaucoup plu ; l’illumination était splendide, mais il y avait trop de sièges vides dans l’amphithéâtre, et les costumes des patineurs et des patineuses étaient en général loin d’être ce qu’on avait supposé qu’ils seraient.

Une bonne partie des hommes en effet s’étaient simplement contentés d’endosser un uniforme militaire quelconque, celui du bataillon auquel ils appartiennent, d’avoir attaché des patins à leurs bottines, et les voilà costumés. Pour une mascarade historique qui devait comprendre toutes les époques de l’histoire d’Angleterre, c’était un peu maigre.

Il y avait un manque général d’originalité. Du côté des femmes, on pouvait remarquer quelques jolis costumes comme historiques, comme Catherine d’Aragon, la duchesse de Malborough, la duchesse de Devonshire, la duchesse de Bedsford, Marie, reine d’Écosse, la reine Elisabeth, Portia, Desdemona, etc., mais là encore, les costumes de fantaisie, costumes quelconques, étaient trop nombreux.

Vers la fin de la soirée, une troupe de musiciens allemands, qui parada sur la glace en exécutant des airs d’une façon outrageusement fausse, dérida quelque peu le public qui jusque là était resté très froid.

Le Gouverneur Général qui avait promis d’assister à cette fête brillait par son absence, des affaires importantes l’ayant retenu à Ottawa.

Avant dix heures, la foule commença à se retirer, et l’édifice se vida rapidement.

Si l’on compare cette fête à d’autres, on peut dire que pas plus tard que cette semaine l’on a vu une plus jolie et beaucoup plus joyeuse fête au patinoir Le Montagnard.

 

La Presse (Montréal), 8 février 1900.

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