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« Notre planète se déplace » disent les anciens

Les changements de température le laissent croire.

La température extraordinairement douce que nous avons depuis hier a plus d’un inconvénient à cette saison de l’année.

Le pont de glace que les cultivateurs de l’île d’Orléans étaient si contents d’avoir pour gagner la rive nord, puis la ville, afin d’y écouler leurs produits ne doit pas offrir aujourd’hui assez de consistance pour permettre la traversée.

Quelques voitures de l’Électrique ont circulé toute la nuit dernière pour empêcher le grésil de couvrir les rails et des ouvriers ont été mis à l’œuvre pour découvrir les puisards, afin de permettre l’écoulement des eaux. Le voie en est cependant encore couverte et, lorsque passe une voiture, il est bon de s’en tenir à une distance respectueuse si l’on ne veut pas être éclaboussé par l’eau que font jaillir les balais.

Les marchands de chaussures ne fournissent pas à vendre des grappins. Le fait est qu’il est difficile de circuler sans en être muni. Plus d’un même qui en avaient de tout flambant neufs n’a pu s’empêcher de mesurer le sol.

Il est vraiment curieux de voir nos côtes. Elles sont littéralement transformées en torrents. Le piéton les grimpe péniblement, à petits pas, en enfonçant ses grappins avec précaution pour ne pas tomber.

Il y a longtemps que nous n’avons pas eu semblable température à Québec. Les anciens nous disent avec un grand sérieux que notre planète se déplace évidemment. Dans tous les cas, la température est pour le moins capricieuse cet hiver, car, tandis que nous jouissons ici d’une température de mai, les dépêches nous apprennent qu’en Californie, au pays des oranges, on a deux ou trois pieds de neige [de 60 à 90 centimètres de neige].

 

Le Soleil (Québec), 5 janvier 1899.

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