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Il y a cent ans et plus, lors des élections, il fallait compter avec des « télégraphes »

On appelait ainsi ceux qui s’étaient vu remettre un faux bulletin au nom d’une personne qui n’était pas en mesure de voter. Était « télégraphe » aussi celui qui votait sous le nom de quelqu’un d’autre.

Nous sommes en septembre 1888. Des élections se tiennent dans le comté de Montréal-Est. La journée est à peine commencée que « l’alarme est donnée ». Plusieurs télégraphes ont réussi à voter pour des morts ou des absents.

La police s’est alors mise en campagne contre cette manœuvre honteuse et quatre individus déguisés ont été logés aux postes de police. […]

Vers onze heures avant-midi, on a fait une découverte inouïe dans les annales des cabaleurs. Trois constables se sont rendus dans un haut de maison de la rue St-André, non loin de la rue Sainte-Catherine et se sont trouvés dans la chambre de toilette des télégraphes. On aurait dit une véritable troupe d’opéra, qui se préparait à entrer en scène, sous la direction d’un marchand influent du quartier.

La chambre était garnie d’habits, de costumes, de barbes postiches, lunettes, gants et tout l’attirail qui peut faire d’un chenapan, à qui l’on paie quelques dollars, un votant respectable en apparence.

Cette apparition officielle a mis le désarroi dans la troupe. Les télégraphes ont déserté et ont transporté leurs quartiers généraux dans un autre local. Malgré la vigilance de la police, des agents et des citoyens, un grand nombre de ces êtres ont voté.

 

Le Canadien (Québec), 28 septembre 1888. Ici, le quotidien de Québec rapporte un article du journal montréalais La Presse.

Pour les personnes intéressées, il faut savoir que mon maître Jean Hamelin et son frère Marcel, lui aussi historien, ont publié en 1962, aux Éditions du Jour, à Montréal, l’ouvrage Les Mœurs électorales dans le Québec de 1791 à nos jours. Le livre est épuisé, mais je le vois passer régulièrement chez les bouquinistes et on peut assurément le trouver sur internet.

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