En 1887, le projet de tunnel sous la Manche entre la France et l’Angleterre n’est pas gagné
La nouvelle parvient de Londres.
Le projet relatif au percement d’un tunnel sous la Manche a été soumis encore à la chambre des communes qui l’a de nouveau repoussé par moins de cinquante voix de majorité.
Les adversaires du projet disent qu’il aurait été rejeté par un plus grand nombre de voix si le résultat du vote avait été douteux. Les partisans du tunnel déclarent, de leur côté, que l’opinion publique commence à se rendre compte de l’utilité de cette entreprise.
La simple mention du projet met les conservateurs dans une colère furieuse. Ils ne voient dans cette œuvre qu’un complot diabolique pour livrer le pays aux ennemis naturels de l’Angleterre. Lors de la première discussion sérieuse d’un projet, parut une brochure où étaient esquissés les manœuvres et les ruses qu’emploieraient ces Français redoutables aussitôt après l’achèvement du tunnel, l’insuccès des employés du chemin de fer dans leurs efforts pour faire tomber les voûtes sur les envahisseurs, puis enfin l’asservissement de la Grande-Bretagne, dont les habitants seraient condamnés pour toujours à porter des sabots et à manger des grenouilles.
Les promoteurs du projet sont, cependant, certains que le bon sens finira par avoir raison et que les travaux du percement seront commencés dans quelques années d’ici.
Le Canadien (Québec), 13 août 1887.