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Retour à Fulbert-Dumonteil, cette fois-ci au sujet du dindon

Le Dindon est originaire de l’Amérique septentrionale. Encore aujourd’hui, on le trouve en troupes immenses dans les plaines de l’Ohio et du Mississipi, où il se nourrit de graines et de baies ramassées dans les bois.

Le Dindon n’est point, comme la pintade, rebelle aux douceurs de l’étable et de la civilisation Ce doux sauvage ne demande qu’à être apprivoisé, qu’à venir picorer et faire la roue dans nos basses-cours.

En Amérique, le Dindon des forêts vierges se domestique si facilement qu’il suit volontiers dans les fermes les dindons privés qu’il a rencontrés dans ses promenades.

En face des auges bien garnies, il, promène un regard familier autour des étables et semble dire dans un glouglou de satisfaction : « On est vraiment bien ici ; restons-y. » Et il reste !

Le voilà conquis à la civilisation et à la broche. …

C’est au temps de la Renaissance que les Portugais introduisirent la pintade en France. C’est au commencement du XVIe siècle que les Espagnols importèrent le Dindon en Europe.

Combien de gens ignorent jusqu’aux noms immortels de Cervantes et du Camoës, qui savourent avec délices la chair de la pintade et du Dindon !

Le Dindon, nous apprend Belin, était déjà connu sous Louis XII. La première fois qu’il fit son entrée au Louvre, ce fut pour être découpé sur la table royale de Charles IX, où il fit une « douce sensation ».

Si l’oie fut détrônée par le Dindon, la poule conserva sa royauté immuable ; à elle la palme des étables, la couronne des basses-cours. […]

La poule est reine. Mais le Dindon est, à coup sûr, un des premiers personnages de la ferme.

Picorant dans les champs, sur la lisière des bois, il demande peu de soins, peu de grains. On l’élève avec profit, on le nourrit sans peine.

Le Dindon coûte peu, pèse lourd, se vend cher. […]

Le Dindon est un  bel oiseau. Sa robe est tantôt noire avec des reflets verts, tantôt blanche ou café-au-lait. Cette dernière couleur est habituellement celle du Dindon sauvage de l’Amérique, souche vénérable de notre excellent dindon domestique.

La tête du Dindon est très originalement parée. On dirait qu’il porte à son cou tout un assortiment de corail, et sur son bec serpente une chenille bleuâtre et mobile d’un effet assez élégant. Ses caroncules écarlates sont celles d’un  personnage qui n’a pas froid aux oreilles, et, de fait, le Dindon est aussi brave que familier.

J’aime son glouglou joyeux, qui se marie si bien aux gloussements des poules et aux fanfares des coqs : tantôt ce glouglou éclate et monte comme une fusée ; tantôt il s’épanche sonore et précipité comme une cascade.

J’oubliais une chose : le Dindon fait la roue ; il souffle, tourne, relève, arrondit sa queue, veuve, hélas ! de pierreries, et, se tournant vers les hôtes de la basse-cour, il semble dire avec orgueil : « Admirez comme je fais bien la roue ! ne dirait-on pas que je suis le paon ? »

Ce n’est qu’un Dindon.

 

Fulbert Dumonteil, Histoire naturelle en action. Animaux et plantes, Paris, P. Larousse et Cie, Deuxième édition, sans date, mais un livre paru pour la première fois en 1883.

On trouvera l’ouvrage sur le site internet de Gallica.fr

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