Robert Choquette (1905-1991) fut une bête d’écriture
Né à Manchester dans le New Hampshire, il quitte les États-Unis avec sa famille après le décès de sa mère en 1913 pour venir habiter à Montréal.
Poète, romancier, scénariste, il écrit trois radios-romans (Le Curé du village, La Pension Velder, et Métropole) et adaptera pour la télévision La Pension Velder (1957-1961). Dans sa page Wikipédia, on mentionne qu’il aurait probablement écrit, pour la radio et la télévision seulement, environ 50 000 pages.
Son premier recueil, de poésie publié alors qu’il n’a que 20 ans — À travers les vents — lui vaut le Prix David un an plus tard, en 1926.
Extrait.
La vie sort de la mort
Homme, pourquoi gémir devant la mort des feuilles
Et de ce que ton pied marche en sa vanité ?
Eh quoi ! n’as-tu jamais songé, quand tu les cueilles,
Que le charme des fleurs, c’est leur fragilité ?
Oui, tout paraît descendre aux entrailles de l’ombre.
La mort enlève à tout sa forme et sa couleur,
Non pas sa vie. Et toi, cœur aux désirs sans nombre,
Tu trouves l’espérance au fond de ta douleur.
La mort ne détruit pas : tout se transforme en elle.
La cendre des oiseaux ajoute à la forêt ;
Et le ver que l’oiseau becquète prend une aile
Et monte vers l’azur que son cœur désirait.
La neige qui des mains du ciel s’éboule et tombe
Efface les laideurs boueuses des étangs.
Des centaines de fleurs sortent de chaque tombe,
L’hiver à barbe blanche engendre le printemps.
Le cœur, qui se flétrit après bien des désastres,
Demain refleurira dans un nouvel amour,
L’ombre mourante éteint la douceur de ses astres,
Mais le soleil sourit dans le berceau du jour.
Et la cendre de l’homme et la cendre des choses
Se mêlent dans la mort profonde au ventre obscur,
Et sous le saint labeur de leurs métamorphoses
Rejaillissent de terre en gerbes de blé mûr.
C’est la mort des petits qui fait grande la vie.
L’arbre vieux qu’on abat, le vieillard qui s’endort,
Font la terre éclatante et plus jeune et ravie ;
Et la Vie éternelle est debout sur la Mort.
Robert Choquette, Poème choisis, précédés d’une chronologie, d’une bibliographie et d’un texte de Jean Éthier-Blais, Montréal, Fides. 1970, p. 23s.