Un peu d’Emily
J’habite le Possible — Une maison plus belle que la Prose —
Plus riche de Fenêtres —
Supérieure — pour les Portes
Ses Chambres comme des Cèdres —
Imprenables par l’œil —
Et pour Toit immortel
Les Voussures du Ciel —
Celui-ci était un Poète —
Celui qui
Distille un sens étonnant
À partir de Significations Ordinaires —
Connaître le pire fait disparaître la peur —
Prenez-moi tout, mais laissez-moi l’Extase
Et je serai plus riche alors que tous les Semblables —
Cela me convient-il d’avoir si riche demeure quand juste à ma porte
Ceux qui possèdent davantage sont dans une pauvreté sans bornes ?
La plus simple consolation offerte par amour a une qualité céleste.
Il y a dans nos joies les plus profondes une solennelle pudeur.
Pompéi — Toutes ses occupations cristallisées — Chacun parti.
Rien de ce qui se trouve dans un Cœur Humain ne saurait être « insignifiant ›. Ce Don terrifiant rend dérisoires toutes choses autres que lui.
Immuable est le mouvement de la Nature.
Quand ce sera mon tour, je veux un Bouton d’or —
Sans doute l’Herbe m’en donnera-t-elle un, car ne révère-t-elle pas les Caprices de ses fugaces Enfants ?
Ainsi parlait Emily Dickinson, Dits et maximes de vie choisis et traduits de l’Américain par Paul Decottignies, Édition bilingue, Paris-Orbey, Éditions Arfuyen, 2016.