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Il eut un temps, à La Villette, aujourd’hui à Paris, un homme faisant métier de réveilleur

Un quotidien de Québec nous raconte.

Il existe à La Villette un vieux brave homme qui a trouvé pour vivre un ingénieux expédient. Incapable depuis longtemps de faire un travail de force, il s’est institué « réveilleur ».

En quoi consistent ses occupations ? Elles sont bien simples. Le « réveilleur » se lève tous les jours vers deux heures du matin, et, quelque temps qu’il fasse, s’engage bravement dans les rues tortueuses qui avoisinent les fortifications.

Il s’est chargé d’arracher au sommeil les ouvriers que leur métier oblige à partir très tôt de chez eux pour se rendre à leur usine ou à la fabrique et qui, à cette saison, ne se sentiraient pas assez sûrs d’eux-mêmes pour avoir le courage de quitter le lit avant l’apparition de l’aurore « aux doigts de rose ». Le « réveilleur » possède un petit calepin où sont notés les noms et les adresses de ses clients.

Il suit son itinéraire avec la même ponctualité qu’un facteur, pousse un cri convenu en passant devant chacune des maisons où on l’attend, et ne s’en va que lorsqu’il a vu une fenêtre s’ouvrir ou qu’il a entendu une réponse.

Il fait payer un sou par jour à chaque ouvrier qu’il réveille de cette façon, mais on peut prendre des abonnements « à la semaine » ou même « au mois », et alors les conditions sont naturellement plus douces.

La bonne saison du « réveilleur », c’est le cœur de l’hiver, où les nuits sont longues et où on a le plus besoin de ses services. L’été, il est forcé de chômer et s’emploie alors aux petites commissions des ouvriers.

 

Le Canadien (Québec), 12 décembre 1883.

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