Bien court été que celui de la Saint-Martin, il neige
L’été de la St-Martin n’a pas été long. À peine une journée.
Aujourd’hui, nous sommes en plein hiver. Depuis ce matin, la neige tombe « à pochetée », comme on dit à la campagne. Les casques ont fait leur apparition. En quelques jours, nous voilà transportés des pays tempérés au pays des fourrures, sous un climat de glace.
Tout change avec l’hiver. Les figures sont plus roses : les rues n’ont plus de poussière : au salon, un joli poêle surgit et fait entendre son petit murmure de contentement, alors que la poudrerie, la bise et les brouillards promènent au dehors leur cortège glacial.
Les carrioles ont fait leur apparition ce matin. Elles ont encore l’air un peu piteuses, mais leur règne arrive. Il ne manque plus que les grelots, cette gentille invention qui poétise l’hiver.
Il y a aussi le côté noir, le côté froid de la question ; mais la charité des Québecquois fera encore des heureux, comme par le passé, et dans plus d’une mansarde on bénira la générosité chrétienne.
Le Courrier du Canada (Québec), 14 novembre 1883.