Les étudiants défilent
En 1900, au cours de l’année scolaire, à Montréal et à Québec, les étudiants, de langue française comme de langue anglaise, défilent dans les rues, souvent pour fêter leur saint patron ou un anniversaire quelconque.
Ici, à Montréal, on fête la Saint-Yves, le patron des avocats.
Avez-vous vu, hier matin, cette bande de joyeux lurons, sur laquelle flottaient oriflammes et drapeaux ? C’était les étudiants !
Superbes, chantant des angélus de gaieté, et le cœur plein de sonnets, ils allaient par les rues, jetant leurs cris joyeux, haletants d’enthousiasme ; fiers comme des défis heureux pleins leurs vingt ans.
C’est que c’était hier la Saint-Yves., jour de chômage et jour de vigne. La gaieté des passants avait des tristesses d’huissiers près de la leur.
Hier matin, à 8 heures et demie, ils ont assisté en corps à la messe qui a été célébrée pour eux par le chanoine Dauth, à l’église Notre-Dame de Lourdes. Pendant l’office divin, les étudiants qui étaient là en grand nombre ont chanté plusieurs cantiques. […]
Un banquet épique eut ensuite lieu au Bout de l’Île.
Il y eu des discours magnifiques. Toute cette belle jeunesse au cœur large comme l’intelligence s’amusa comme naguère le firent les graves ainés d’aujourd’hui. […]
À six heures, ces messieurs revenaient à la ville, la gaieté au même diapason et ayant obligé leur patron saint Yves à mettre pour chacun d’eux une pierre blanche dans la cassette de l’au-delà où on enregistre les jours heureux.
Le Canada (Montréal), 7 octobre 1904.
