L’importance de la vitrine
Dans l’histoire de la vitrine au Québec, l’âge d’or est la première moitié du 20e siècle. Pour faire de la promotion, on se sert de la vitrine de manière imaginative. Et elle devient relais.
Voici ici l’occasion de prolonger à Montréal un événement qui se passe dans la région de Québec, celui d’un fildefériste.
Un des hommes qui ont montré le plus de sang-froid au milieu des exercices de gymnastique les plus périlleux, c’est Hardy qui marche en se jouant sur un fil de fer au-dessus des magnifiques chutes de Montmorency, près de Québec.
Le 30 août 1903, Hardy a traversé ce dangereux pont invisible, vêtu d’un gigantesque paquet de cigarettes « Sweet Caporal ». Le temps de fumer une de ces délicieuses cigarettes et notre intrépide artiste avait franchi les 460 pieds [tout juste un peu plus de 140 mètres] du fil, sans crainte de faire un redoutable plongeon de 535 pieds en profondeur.
Ceux qui n’ont pas vu Hardy ne peuvent croire à cette prouesse.
Pour que nos amis puissent se convaincre de la réalité des faits, ils n’ont pas besoin d’aller à Québec. Qu’ils se rendent simplement rue Ste-Catherine No 1921 [à Montréal], à côté de chez Saxe, et qu’ils examinent la vitrine de M. Roy, le marchand de tabacs en gros à la mode.
Ils verront d’abord le paquet original de « Sweet Caporal » dans lequel Hardy a fait sa dangereuse traversée ; ils pourraient ensuite examiner tout à leur aise les photographies prises sur le vif par M. Kennedy, de Québec. Un foule compacte se presse autour des chutes pendant que Hardy les traverse.
Personne ne pouvait croire qu’une pareille prouesse serait exécutée. Il y en a même qui doute encore de la réalité. Pourtant le paquet de « Sweet Caporal » est bien là et les photographies parlent sans dire de mensonge.
Disons aussi que la vitrine de M. Roy contient une fort belle exposition de cigarettes « Sweet Caporal » qui intéressera beaucoup les fumeurs.
Le Canada (Montréal), 15 septembre 1903.
Ou quand la publicité « couche » avec l’exploit d’un casse-cou, la vitrine d’un commerce et la presse quotidienne.
P. S. On doit diffuser le lundi 19 heures à TV5, à l’émission Sacrés objets, un documentaire sur la vitrine auquel j’ai participé. Je ne connais pas le moment de diffusion, non plus que ce qu’ils ont retenu de notre rencontre à Québec voilà un an.