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En 1900, les journaux québécois, quotidiens ou hebdos, échappent souvent de petits poèmes

Et cela, sans prévenir.

À l’occasion, ces textes sont franchement pompiers.

D’autres fois, on se retrouve absolument étonnés.

Voici celui-ci signé Fleurette :

 

 

Rêve d’or

 Il est des jours… non, pas des jours,

Il est des heures… non, pas même,

Mais des instants bien courts, très courts,

Où l’on touche au bonheur suprême.

 

On ne sait comment, ni pourquoi,

Ni si l’on vit, ni si l’on rêve,

Mais tout d’un coup, l’on sent en soi

Comme une aurore qui se lève.

 

Tout se transforme autour de nous,

Les hommes, les choses, la vie :

Tout devient beau, tout devient doux,

Le cœur est plein, l’âme ravie.

 

Tous les amours nous sont aisés !

Plus de haine, plus de frontière ;

On a sourires et baisers

Pour la nature tout entière.

 

Et comme un enfant qui s’endort

Sous la maternelle caresse,

Immobile, faisant le mort,

On se blottit dans cette ivresse.

 

On se tait, on n’ose bouger,

Tremblant, on retient son haleine,

Car cet instant est passager

Comme la brise dans la plaine.

 

Et l’on a peur qu’un geste, un mot

Ramenant aux choses réelles

Rompe le charme et qu’aussitôt

Le rêve d’or ferme ses ailes.

 

Le Canada (Montréal), 19 septembre 1903, p. 14.

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